Services de garde d’enfants autochtones – un aperçu
Les enfants autochtones sont des cadeaux du créateur. Ils viennent au monde pour être entourés de soins, encouragés et soutenus. Les enfants choisissent leurs parents et, en retour, les parents ont la responsabilité inhérente de les aider à trouver leurs dons afin qu’ils puissent s’épanouir
Historiquement, les parents et la famille élargie étaient les principaux pourvoyeurs de soins pour tous les enfants autochtones et les premiers enseignants de l’enfant. Ce mode de vie fait des parents autochtones les mieux placés pour transmettre à leurs enfants la connaissance de leur histoire, de leur langue, de leurs coutumes, de leurs récits, de leurs cérémonies et de leurs rituels. C’est la prémisse d’un service de garde de qualité pour les enfants autochtones.
Les pressions économiques passées et actuelles ont considérablement modifié l’approche historique de la garde d’enfants autochtones. Les parents et les membres de la famille élargie sont de plus en plus contraints de trouver un emploi à l’extérieur du foyer pour subvenir aux besoins de leurs enfants et de leur famille. Si la famille et les amis restent une option pour la garde d’enfants, les familles autochtones doivent de plus en plus souvent faire appel à des services de garde d’enfants en dehors de l’unité familiale et, dans certains cas, en dehors de la communauté de résidence.
Tandis que les communautés autochtones déploient des efforts concertés pour satisfaire à leurs besoins en matière d’apprentissage et de garde des jeunes enfants, elles n’échappent pas à des défis similaires à ceux qu’elles rencontrent en matière d’éducation élémentaire, secondaire et postsecondaire et qui sont dus au sous-financement historique de l’éducation autochtone par le Canada. [1]
Ce rapport examine le système de garde d’enfants qui existe pour les enfants autochtones au Canada. Il explore également la main-d’œuvre, les besoins en main-d’œuvre et les possibilités de renforcer et d’améliorer les services de garde pour les enfants autochtones et leurs familles.
Le système actuel
Le système d’apprentissage et de garde des jeunes enfants et des familles autochtones au Canada relève des compétences partagées des peuples autochtones, des gouvernements provinciaux et du gouvernement fédéral.
Le système autochtone actuel d’apprentissage et de garde des jeunes enfants peut être représenté par cinq cercles concentriques. Le cercle le plus au centre représente les programmes d’apprentissage et de garde des jeunes enfants. Ces programmes sont appuyés par des initiatives de soutien aux enfants et aux familles, des réseaux/associations de personnel et des établissements d’enseignement postsecondaire autochtones. Le cercle extérieur représente les compétences responsables de l’apprentissage et de la garde des jeunes enfants autochtones et de leurs familles.
Figure 1: Système autochtone d’apprentissage et de garde des jeunes enfants, Canada
En ce qui concerne l’éducation et la formation, les établissements postsecondaires autochtones, comme ceux de l’Alberta, de la Colombie-Britannique et de l’Ontario, sont fiers de concevoir et d’élaborer des programmes culturellement pertinents, accessibles et adaptés à la communauté. Ces établissements sont de plus en plus reconnus et appuyés par les gouvernements provinciaux, ce qui les rend bien placés pour offrir des programmes d’éducation de la petite enfance pour les enfants autochtones. En Ontario, l’Anishinabek Educational Institute, le First Nations Technical Institute et la Six Nations Polytechnic offrent des programmes de diplôme en éducation de la petite enfance, qui est le titre de compétence requis pour travailler dans les centres de la petite enfance agréés par la Province.[2]
Le système autochtone d’apprentissage et de garde des jeunes enfants au Canada dispose d’entités de réseautage des éducatrices et des éducateurs et de soutien au personnel, bien qu’elles soient peu nombreuses. Des groupes tels que la BC Aboriginal Child Care Society, l’Ontario Aboriginal Head Start Association et Gijiikendaamin – First Nations Early Years Mentors, Treaty 3 Territory en Ontario sont importants pour l’échange d’information et de ressources, le développement professionnel et la promotion des programmes.
Ces éléments de base sont les prémices de la fondation d’un système d’apprentissage et de garde des jeunes enfants. Cependant, il reste un long chemin à parcourir pour réaliser une approche cohérente :
- Exécution du programme
- Équité dans la prestation de services pour toutes les communautés
- Programmation en langue autochtone
- Soutien à la conception, à l’élaboration et à la mise en œuvre de programmes adaptés à la culture
- Efforts ciblés pour renforcer et garantir une main-d’œuvre qualifiée
- Services de soutien administratif
- Conception et la mise en œuvre des politiques
- Assurance du soutien aux infrastructures et à l’entretien
Appui fédéral et provincial à l’apprentissage et à la garde des jeunes enfants autochtones
Le gouvernement du Canada appuie trois programmes principaux pour l’apprentissage et la garde des jeunes enfants autochtones, administrés par trois ministères fédéraux différents :
- Le Programme d’aide préscolaire aux Autochtones dans les collectivités urbaines et nordiques (PAPACUN), créé en 1995, est administré par l’Agence de la santé publique du Canada. Ce programme est conçu pour satisfaire aux besoins des populations autochtones vivant dans les communautés urbaines et nordiques, des Premières nations vivant hors réserve, des Métis et des Inuit. Les projets sont gratuits pour les participants et consistent généralement en des programmes préscolaires en établissements offerts de septembre à juin. Les sites qui exécutent les programmes en établissements doivent, pour la plupart, être autorisés par l’autorité compétente de leur province ou territoire et maintenir le bon nombre d’élèves par enseignant et d’éducateurs de la petite enfance certifiés.[3]
- Le Programme d’aide préscolaire aux Autochtones dans les réserves (PAPAR), administré par Services aux Autochtones Canada, a été créé en 1998 en tant que programme d’intervention précoce contrôlé localement et destiné principalement aux enfants d’âge préscolaire (de trois à six ans) des familles des Premières nations, des Inuit et des Métis.[4] Le Guide des normes du Programme d’aide préscolaire aux Autochtones fournit un modèle pour la conception et la mise en œuvre du programme, sans frais pour les participants. Les lignes directrices ne sont que des suggestions, contrairement aux règlements contraignants des programmes de la petite enfance agréés par la Province.[5]
- L’Initiative de services de garde pour les Premières Nations et les Inuits (ISGPNI) a été lancée en 1995 dans le but de créer 6 000 places en garderie dans les réserves des Premières Nations et dans les Territoires. Elle visait à fournir des services de garde appropriés, abordables et de qualité comparable à ceux offerts aux autres enfants canadiens. En 1999, l’ISGPNI a été intégrée aux ententes sur le développement des ressources humaines autochtones avec les Premières Nations et les fournisseurs de services des Territoires, afin de tirer parti des réseaux de prestation utilisés par les signataires des ententes. Le programme est administré par Emploi et Développement social Canada.[6]
Une évaluation du Programme d’aide préscolaire aux Autochtones dans les collectivités urbaines et nordiques de 2011 à 2016 a révélé une diminution de la prestation de services au fil du temps. Au nombre des principales conclusions, on trouvait les suivantes :
- La programmation a souffert des changements démographiques de même que de plusieurs obstacles à l’accès et à la prestation, notamment l’emplacement géographique, la capacité limitée d’offrir des services aux élèves ayant des besoins particuliers et le transport.
- Le programme prend actuellement en charge 134 sites du PAPACUN. Le nombre et l’emplacement des sites du programme sont demeurés sensiblement les mêmes depuis la création de ce dernier en 1995. Les tendances annuelles de l’inscription au programme sont également restées généralement stables depuis 2006, soit à environ 4 700 ou 4 800 enfants âgés de 0 à 6 ans par an. En 2009-2010, le PAPACUN a atteint 4 % de tous les enfants autochtones âgés de 0 à 6 ans vivant hors réserve dans tout le Canada, les niveaux de contact les plus élevés étant enregistrés dans les Territoires du Nord-Ouest (12,2 %) et au Québec (11,5 %).
- Les données sur le rendement du programme montrent que de 2013-2014 à 2015-2016, le nombre d’enfants que les sites du PAPACUN ont été capables de servir a baissé. En 2013-2014, 27 % des sites ont déclaré une souscapacité d’au moins 5 enfants (c’est-à-dire qu’ils avaient refusé 5 enfants en raison d’une capacité insuffisante), contre 44 % des sites en 2015-2016. De même, invités à indiquer s’ils avaient une liste d’attente au début de l’année scolaire, 27 % des sites ont répondu « oui » en 2013-2014, contre 40 % des sites en 2015-2016. Cependant, le nombre moyen d’enfants sur une liste d’attente était plus élevé en 2013-2014 (moyenne de 21 enfants) qu’en 2015-2016 (moyenne de 15 enfants).[7]
Un rapport de 2019 sur le développement des jeunes enfants autochtones au Canada a confirmé qu’une grande partie des enfants autochtones n’ont pas accès à des services de garde structurés et a cité une série de problèmes qui ne sont pas pris en compte. Il a constaté que :[8]
- Selon l’Agence de la santé publique, 88 projets en cours offrent des services surtout à des enfants des Premières Nations (desservant environ 55 % de la population hors réserve des Premières Nations), 57 projets offrent des services surtout à des enfants métis (desservant environ 19 % de la population métisse), et 31 projets offrent des services surtout à des enfants inuits (desservant environ 21 % de la population inuite).
- Selon les renseignements obtenus sur le site Web du PAPAR, 14 000 enfants des Premières Nations vivant dans une réserve ont participé au Programme d’aide préscolaire (exception faite de la Colombie-Britannique), et selon le Centre de gouvernance de l’information des Premières Nations, en 2012, environ 36 % de tous les enfants des Premières Nations de 0 à 11 ans qui vivaient dans une réserve et étaient visés par l’Enquête régionale sur la santé de 2008‑2010 avaient participé à un programme d’aide préscolaire aux Autochtones. Les données de 2007 du ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien, dont le nom a changé depuis, révèlent que 354 centres du Programme d’aide préscolaire avaient reçu du financement cette année-là et offert des services à 383 collectivités des Premières Nations et à 9 000 jeunes enfants.
- Le financement n’a pas augmenté au rythme de la croissance rapide de la population autochtone, et les coûts de fonctionnement des centres ont augmenté, surtout les coûts de la formation et des ressources pour les enfants ayant des besoins particuliers en raison de problèmes comme l’autisme, le trouble du déficit de l’attention avec hyperactivité, les difficultés d’élocution et de langage, le trouble du spectre de l’alcoolisation fœtale (TSAF), les retards de développement et les problèmes de santé mentale.[9]
L’Inuit Tapiriit Kanatami indique que la majorité des programmes d’apprentissage et de garde des jeunes enfants dans les communautés de l’Inuit Nunangat proviennent de l’Initiative de services de garde pour les Premières Nations et les Inuits et du Programme d’aide préscolaire aux Autochtones dans les collectivités urbaines et nordiques. En 2017, il a rapporté :
- qu’il existe 62 programmes financés par l’ Initiative de services de garde pour les Premières Nations et les Inuits.
- qu’il existe 28 programmes d’aide préscolaire (y compris le modèle intégré que tous les centres de garde d’enfants du Nunavik ont créé).
- que le financement des programmes d’apprentissage et de garde des jeunes enfants inuits n’a pas augmenté depuis la création des programmes il y a 20 ans.[10]
Efficacité des programmes actuels
Pour démontrer l’efficacité et la capacité des programmes clés, ce rapport cite un certain nombre de sources.
Lors d’une réunion nationale concernant l’Initiative de services de garde pour les Premières Nations et les Inuits du gouvernement fédéral en 2017, l’Assemblée des Premières Nations a révélé qu’un des principaux défis environnementaux consiste à faire correspondre les ressources disponibles à la demande. Les communautés disposant de centres ont suffisamment d’espace pour prendre en charge environ un enfant d’âge scolaire sur cinq [11]. Avec des affectations réglementées pour les nourrissons, les tout-petits et les enfants d’âge préscolaire, les centres doivent suivre les politiques locales pour accepter les enfants compte tenu des limites de capacité (espace, personnel, finances). La prévalence d’enfants ayant des besoins spéciaux et nécessitant un soutien unique de la part du personnel amplifie les difficultés à satisfaire aux besoins locaux. Le financement du programme n’est pas basé sur les besoins réels en matière de coûts, mais est actuellement géré sur la base de 0,500 par place dans toutes les ententes. Les centres qui demandent des frais aux parents peuvent hausser leur budget, mais au prix de l’exclusion des familles qui ne peuvent pas payer ces frais. Dans certains cas, les frais sont couverts par d’autres programmes de la communauté. Les déficits de fin d’année sont absorbés par les activités d’exploitation de la bande. [12]
Un rapport publié en 2021 (en anglais) sur l’apprentissage et la garde des jeunes enfants autochtones en Alberta a attiré l’attention sur trois préoccupations principales : le financement inadéquat des programmes, l’augmentation du nombre d’enfants ayant des besoins spéciaux qui participent aux programmes et les installations inadéquates et non sécuritaires.[13]
En 2017, l’Inuit Tapiriit Kanatami a formulé des besoins à Emploi et Développement social Canada concernant le manque de financement pour l’apprentissage et la garde des jeunes enfants – 10 communautés n’avaient pas de centres de garde d’enfants agréés, 27 autres n’avaient pas de programmes d’aide préscolaire et tous les centres sauf un avaient des listes d’attente.[14]
Les recommandations d’Inuit Tapiriit Kanatami comprenaient les éléments suivants :
- Un financement adéquat, intégré et pluriannuel directement aux organismes inuits par le biais d’ententes de transfert afin de fournir des programmes d’apprentissage et de garde des jeunes enfants de haute qualité définis par les Inuits dans chaque communauté de l’Inuit Nunangut.
- Des fonds d’investissement pour la construction et la rénovation de bâtiments et d’aires de jeux existants, selon les besoins des communautés.[15]
Le Cadre d’apprentissage et de garde des jeunes enfants autochtones a été créé par le gouvernement fédéral, l’Assemblée des Premières Nations, l’Inuit Tapiriit Kanatami et le Ralliement national des Métis afin de fournir un mécanisme permettant d’améliorer et de renforcer les programmes et services actuels. À la suite de la première année de mise en œuvre en 2018-2019, on a constaté les résultats suivants :
- Environ 460 Premières Nations ont reçu de nouvelles ressources financières pour donner suite à différents besoins liés à l’AGJE.
- Le financement a été accru pour 73 services existants dans les communautés inuites;
- De nouveaux services d’AGJE propres aux Métis ont été mis en œuvre.[16]
Si l’on fait abstraction des trois principaux programmes fédéraux en matière d’apprentissage et de garde des jeunes enfants, la compétence provinciale s’applique aux communautés des Premières nations qui exploitent des services de garde d’enfants réglementés et agréés par la Province. La réglementation provinciale entre également en vigueur lorsque les enfants et les familles doivent accéder aux programmes et aux soutiens éducatifs fournis par les écoles provinciales, les conseils scolaires et d’autres organismes de services de soutien à l’éducation.
Les lignes de compétence fédérales et provinciales (ou les limites des réserves) peuvent entraîner l’accès aux services ou l’absence de prestation de services. Dans leur rapport de 2019 sur le développement des jeunes enfants autochtones au Canada, les autrices Regine Halseth et Margo Greenwood écrivent ceci :
Par ailleurs, il existe des facteurs structurels et systémiques uniques qui soit favorisent soit freinent le développement des enfants autochtones, dont l’absence de systèmes de santé, d’éducation, de protection de l’enfance et de services sociaux axés sur la collectivité, culturellement sûrs et accessibles; l’absence de lois, politiques et ententes qui visant les environnements familiaux ou communautaires (mal)sains; des différends non résolus concernant le partage des compétences entre les différents ordres de gouvernement à l’égard des programmes de financement et des services destinés aux Autochtones.[17]
Un rapport de 2021 intitulé Structural Challenges & Inequities in Operating Urban Indigenous Early Learning and Child Care Programs in British Columbia (Défis structurels et inégalités dans le fonctionnement des programmes d’apprentissage et de garde des jeunes enfants autochtones en milieu urbain en Colombie-Britannique; en anglais) a révélé que le financement de [18].[19]
Le modèle économique de l’apprentissage et de la garde des jeunes enfants autochtones n’est pas différent de celui qui prévaut dans l’ensemble du Canada. En 2019, 72 % des places en garderie au Canada étaient des centres sans but lucratif.[20] Les services d’apprentissage et de garde des enfants autochtones, comme les autres niveaux d’enseignement, dépendent largement des subventions fédérales.
Le flux de financement du Conseil du Trésor vers les communautés autochtones, associé à l’absence historique de coordination interministérielle, entraîne des incohérences dans la prestation des services, l’accessibilité et le soutien financier des programmes d’apprentissage et de garde des jeunes enfants autochtones dans les différentes compétences.
La main-d’œuvre pour l’apprentissage et la garde des jeunes enfants autochtones
Il n’existe pas de source de données unique permettant d’étudier l’état de la main-d’œuvre existante, les besoins en main-d’œuvre ou la rémunération des personnes qui travaillent dans les services d’apprentissage et de garde des jeunes enfants pour les populations autochtones.
Le Guide des normes du Programme d’aide préscolaire aux Premières nations suggère que le personnel des programmes d’aide préscolaire peut comprendre un directeur/superviseur/gestionnaire; des enseignants et/ou éducateurs de la petite enfance; un cuisinier; un chauffeur d’autobus; un concierge; un teneur de livres; une personne affectée à l’enseignement des valeurs culturelles; un élaborateur du programme d’études; des remplaçants à temps partiel ainsi que des anciens; des parents, des tuteurs légaux ou des familles élargies; et des bénévoles.[21]
Un rapport de Statistique Canada publié en 2021 sur les rôles des hommes et des femmes dans les services d’apprentissage et de garde des enfants autochtones a révélé que bien que les professions des SAGJE soient à prédominance féminine, les éducateurs/éducatrices et aides-éducateurs/aides-éducatrices de la petite enfance et les gardiens/gardiennes d’enfants des Premières Nations étaient plus susceptibles d’être des hommes que les travailleurs non autochtones au sein de ces professions. En outre, les éducateurs/éducatrices et aides-éducateurs/aides-éducatrices de la petite enfance et les gardiens/gardiennes d’enfants des Premières Nations et inuits étaient plus susceptibles d’être des employés rémunérés, mais moins susceptibles de travailler à temps plein que leurs homologues non autochtones. Les gardiens/gardiennes d’enfants métis étaient également moins susceptibles de travailler à temps plein que leurs homologues non autochtones. Des différences ont également été observées entre les secteurs d’activité. Par exemple, au sein des SAGJE, une proportion plus élevée de travailleurs autochtones que de travailleurs non autochtones était employée dans le sous-secteur de l’assistance sociale. [22].[23]
L’Assemblée des Premières Nations a publié en 2017 un rapport sur la main-d’œuvre actuelle du système d’apprentissage et de garde des jeunes enfants autochtones au Canada. Le rapport dit ceci :
Les puériculteurs font partie d’un domaine de pratique bien défini, chaque région ayant ses propres voies de certification. Toutes les discussions concernant les défis de l’Initiative de services de garde pour les Premières Nations et les Inuits font état des difficultés à retenir le personnel qui est sous-payé. Des commentaires tels que « Dans notre province, les travailleurs en garderie gagnent moins que les concierges » décrivent bien le problème. Un participant a fait remarquer qu’il est grand temps de rémunérer les aînés pour leur temps, car ils sont des enseignants lorsqu’ils sont à la garderie. Il s’agirait notamment de mettre en place un processus de certification ou d’accréditation de leur expertise. C’est un fait que les travailleurs en garderie ont affaire à des besoins spéciaux (indépendamment du manque d’accès aux services de diagnostic) et toute formation spécialisée est appréciée, bien que probablement inadéquate. À plus grande échelle, les travailleurs doivent sensibiliser la communauté au fait que les garderies ne sont pas seulement des centres de gardiennage, mais qu’elles constituent un environnement d’apprentissage précoce important qui peut aider à surmonter « des antécédents de traumatisme, les effets des pensionnats, les familles et les parents qui sont dépassés par les besoins spéciaux, l’autisme, l’ETCAF et d’autres problèmes » [traduction libre].[24]
L’Inuit Tapiriit Kanatami a souligné en 2014 la nécessité d’un financement accru pour la parité salariale entre le personne éducateur de la petite enfance et le personnel enseignant, la formation continue et le développement professionnel.[25] Sa soumission à Emploi et Développement social Canada en 2017 disait ceci :
- Il faut augmenter le financement par place d’apprentissage et de garde des jeunes enfants afin de payer au personnel des salaires et des avantages sociaux décents.
- Le personnel n’a pas ou peu de formation pour prendre en charge ces enfants, et il n’y a pas non plus suffisamment de personnel spécialisé pour les appuyer (de la santé, des services sociaux, de l’éducation ou d’autres départements).[26]
L’organisme a souligné la nécessité d’une formation spécialisée pour satisfaire aux besoins uniques de la population, en recommandant des programmes d’études, des programmes, du matériel et des outils d’enseignement sur le développement de la petite enfance propres aux Inuits, qui tiennent compte des traumatismes et sont fondés sur les connaissances et les approches inuites en matière d’éducation, de soins et d’apprentissage des enfants.[27] La nécessité de disposer d’une main-d’œuvre qualifiée pour le système d’apprentissage et de garde des jeunes enfants autochtones au Canada doit relever le défi de satisfaire à un éventail de besoins diversifiés en raison des impacts négatifs des pensionnats indiens.[28]
Le rapport de Halseth et Greenwood a mis en évidence une série de défis en matière de ressources humaines pour les communautés autochtones qui offrent des programmes d’apprentissage et de garde des jeunes enfants, notamment :
- la nécessité pour les enseignants qui interviennent auprès de jeunes enfants d’acquérir des titres de compétence normalisés et d’obtenir un brevet.
- les coûts prohibitifs rattachés à l’obligation d’assurer que ces programmes satisfont aux normes liées aux infrastructures et aux exigences en matière de personnel.
- les vastes distances géographiques qui séparent les collectivités autochtones des établissements postsecondaires offrant de la formation en éducation de la petite enfance.[29]
Le rapport sur les changements structurels renforce le besoin d’une formation unique pour les sites d’apprentissage et de garde des jeunes enfants autochtones :
Pendant plus de 100 ans, des enfants autochtones âgés d’à peine quatre ans ont été retirés de force de leur foyer et de leur communauté et placés dans des pensionnats et des écoles industrielles gérés par l’Église (Commission de vérité et réconciliation du Canada, 2015; Wilk et coll., 2017). Les impacts continus du colonialisme signifient que, par rapport aux enfants non autochtones du Canada, les enfants autochtones sont plus susceptibles de grandir dans des familles touchées par un traumatisme intergénérationnel (Reading et Wien, 2013) et par les effets multiples et interdépendants de la pauvreté en aval (Hajizadeh et coll., 2018), et d’être retirés de leur foyer, de leur culture et de leur communauté par le système contemporain de protection de l’enfance (Tait et coll., 2013) [traduction libre].[30]
Le rapport a également conclu que le financement des programmes d’apprentissage et de garde des jeunes enfants autochtones n’a pas suivi le rythme de la croissance rapide de la population autochtone urbaine ou de l’augmentation des coûts opérationnels, y compris les coûts d’infrastructure, un salaire décent assorti d’avantages sociaux pour le personnel ainsi que la formation et les ressources nécessaires pour aider les enfants ayant des capacités diverses.[31]
Le rapport 2021 (en anglais) sur l’apprentissage et la garde des jeunes enfants autochtones en Alberta a révélé :
- que certains participants ont déclaré avoir plusieurs rôles dans la garderie ou l’aide préscolaire. Par exemple, une personne a mentionné qu’elle était chauffeur d’autobus, concierge et travailleuse en garderie. Elle a dit qu’elle occupait ces multiples postes pour deux raisons : le salaire était bas et avoir plus d’un emploi lui permettait de soutenir sa famille, et le budget ne permettait pas d’avoir une personne à temps plein pour chacun de ces postes.
- qu’il y a eu une forte rotation du personnel en raison des bas salaires.
- que le manque de formation signifiait l’incapacité d’inclure les enfants ayant des besoins spéciaux.
- que dans de nombreux établissements, il n’y avait pas de poste dédié au personnel d’entretien et de conciergerie. En général, le personnel enseignant et les autres membres du personnel étaient chargés d’effectuer les travaux de conciergerie.
- que les travailleuses et les travailleurs des services de garde d’enfants sont censés se perfectionner et maintenir leur certification. La situation est jugée intenable, car les bas salaires ne permettent pas de payer le perfectionnement. En outre, le budget ne prévoyait pas de fonds pour la formation du personnel.[32]
En plus de ces défis en matière de ressources humaines, en Ontario, après qu’une personne satisfait aux exigences éducatives pour devenir éducatrice ou éducateur de la petite enfance, elle doit s’inscrire auprès de l’association professionnelle de la province pour utiliser le titre d’EPE, ce qui exige le paiement de frais annuels.[33] Cela crée un fardeau financier supplémentaire pour les personnes qui occupent des postes mal rémunérés.
L’évaluation du Programme d’aide préscolaire aux Autochtones dans les collectivités urbaines et nordiques de 2011 à 2016 a révélé :
- qu’au cours des cinq dernières années, le programme a utilisé des fonds stratégiques afin d’appuyer les programmes de formation des éducateurs à la petite enfance, plus particulièrement dans le domaine des besoins particuliers, ainsi que des fonds inutilisés pour acquérir des véhicules de transport. Les données indiquent que ces mesures de soutien doivent être maintenues.
- En 2013-2014, 28,3 % des sites ont déclaré que le roulement du personnel était un problème. Ce nombre s’est élevé à 36,8 % en 2015-2016. Les raisons les plus fréquemment citées pour les départs de personnel en 2015-2016 étaient les suivantes :
- a poursuivi d’autres possibilités de carrière (57 % – en hausse par rapport à 43 % en 2013-2014);
- est parti pour des raisons personnelles/familiales – non précisées (52 % – en hausse par rapport à 43 % en 2013-2014);
- a accepté un poste offrant une meilleure rémunération (50 % – en hausse par rapport à 23 % en 2013-2014).[34]
Le Guide des normes du Programme d’aide préscolaire aux Premières nations offre des suggestions quant aux exigences du milieu de travail, tant pour l’environnement d’apprentissage que pour les ressources humaines, qu’il soit situé dans une réserve ou dans une communauté urbaine ou nordique. Le tableau suivant contient des suggestions de qualifications pour les directeurs et les personnes responsables des programmes pour enfants.
Position | Qualifications |
Directeur |
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Travailleur du Programme |
|
La section du guide portant sur les règlements des gouvernements provinciaux/territoriaux (section 8) contient des renseignements plus stricts sur les attentes en matière de qualifications du personnel, qui varient d’une région à l’autre. L’écart entre les exigences en matière de qualifications du personnel et celles énumérées ci-dessus peut être le reflet des qualifications du personnel au niveau local, tandis que les exigences de la section 8 peuvent être considérées comme plus ambitieuses par nature, sans que les programmes aient le soutien financier nécessaire pour atteindre les qualifications souhaitées. Le fait d’avoir des exploitants de programmes qui respectent les règlements des gouvernements provinciaux et territoriaux en matière de dotation en personnel améliorerait le niveau de qualité des programmes destinés aux enfants.
Le même scénario s’applique aux ratios de soins. Le Guide des normes du Programme d’aide préscolaire aux Premières nations encourage les communautés à établir une politique relative aux ratios éducateurs-enfants qui, essentiellement, reflètent les règlements de leurs provinces ou territoires respectifs.[36] En ce qui concerne les Premières Nations qui exploitent des centre de garde d’enfants agréés et appuyés par la Province, les programmes doivent se conformer aux règlements provinciaux qui varient d’une compétence à l’autre.
La recherche a mis en évidence de nombreux défis qui mettent à rude épreuve la main-d’œuvre, allant du recrutement et de la rétention à la parité salariale, en passant par l’accès et le soutien financier à la formation et au perfectionnement, la nécessité d’une formation spécialisée et le besoin d’un financement adéquat, durable et à long terme. L’effectif, les qualifications du personnel et les ratios de soins ont un impact significatif non seulement sur la qualité des soins mais aussi sur les niveaux de rémunération appropriés. Des efforts doivent être déployés pour créer une base de données à l’échelle nationale afin de déterminer l’étendue des besoins en matière d’effectifs, de qualifications du personnel et de niveaux de rémunération. Tandis que les programmes et les efforts continuent d’évoluer, il est impératif que le changement soit soutenu par des contributions financières accrues si l’objectif est d’éliminer les obstacles à l’obtention et au maintien d’une main-d’œuvre hautement qualifiée pour la profession des services d’apprentissage et de garde des jeunes enfants.
Pour aller de l’avant
Pour disposer d’une main-d’œuvre qualifiée dans le domaine de l’apprentissage et de la garde des jeunes enfants, il faut des parcours clairs et des aides financières pour obtenir les titres de compétences requis, et il en existe :
- Le Programme d’aide aux étudiants de niveau postsecondaire du gouvernement fédéral est un catalyseur financier pour une main-d’œuvre instruite d’étudiants postsecondaires inuits et des Premières nations admissibles.[37] Toutefois, en raison des limites imposées par le Conseil du Trésor, il est impossible de satisfaire aux besoins du nombre actuel d’étudiantes et d’étudiants désireux de poursuivre des études postsecondaire.
- Les étudiants métis sont soutenus par la Stratégie d’éducation postsecondaire de la Nation métisse;[38] and
- L’Accord sur l’apprentissage et la garde des jeunes enfants (AGJE) de la Nation métisse identifie un engagement précis pour appuyer la formation en éducation de la petite enfance.[39]
On peut féliciter le gouvernement du Nouveau-Brunswick pour l’annonce faite en 2021 d’aider les résidents vulnérables en couvrant l’intégralité des droits de scolarité pour les préposés aux services de soutien à la personne et les conseillers en intégration communautaire, ce qui comprend des programmes de diplôme et de certificat en éducation de la petite enfance pour les personnes qui travaillent dans des centres de garde d’enfants agréés.[40],[41] Ce type de stratégie est nécessaire pour obtenir une main-d’œuvre qualifiée pour les initiatives d’apprentissage et de garde des jeunes enfants autochtones.
Santé Canada et l’Agence de la santé publique du Canada ont reconnu que les faibles niveaux de rémunération rendent difficiles l’embauche et la rétention de personnel qualifié et formé. Les problèmes de recrutement sont aggravés par la nécessité pour les sites du Programme d’aide préscolaire aux Autochtones dans les collectivités urbaines et nordiques de recruter du personnel qui est à la fois formé au développement de la petite enfance et bien informé sur les cultures et les langues autochtones. Pour les collectivités éloignées, la disponibilité de personnel qualifié est encore plus limitée. De plus, le roulement élevé et l’épuisement du personnel peuvent nuire à la qualité et à la continuité du programme.[42][43]
Bien qu’il ne soit pas spécifique aux besoins en matière d’emploi, le Cadre d’apprentissage et de garde des jeunes enfants autochtones documente l’engagement fédéral d’un soutien financier général pour un système d’apprentissage et de garde des jeunes enfants contrôlé par les Autochtones.
Les programmes, les services et les soutiens destinés aux enfants et aux familles des Premières Nations sont financés à des degrés et à des niveaux variables dans tout le pays par les gouvernements fédéral et provinciaux. Ce cadre plaide en faveur d’une approche de financement du système, qui considère l’apprentissage et la garde des jeunes enfants comme un système intégré dont les parties sont interconnectées en fonction des besoins et des priorités de la communauté, car les cultures, les communautés et les nations des Premières nations doivent être soutenues. [44][45]
Pour concrétiser cet engagement, le gouvernement fédéral consacre, pendant 10 ans à compter de 2018, jusqu’à 1,7 milliard de dollars au renforcement des programmes de garde d’enfants existants sous l’égide du Programme d’aide préscolaire aux Autochtones dans les collectivités urbaines et nordiques, du Programme d’aide préscolaire aux Autochtones dans les réserves et de l’Initiative de services de garde pour les Premières Nations et les Inuits.[46]
Toutes les améliorations apportées aux programmes et services actuels sont positives, mais il est important de ne pas perdre de vue le fait qu’un nombre important de communautés n’ont toujours pas accès à des services de garde d’enfants.
Comment l’engagement financier actuel du gouvernement fédéral permettra-t-il d’aborder les programmes historiquement sous-financés en matière d’apprentissage et de garde des jeunes enfants autochtones? Comment l’engagement facilitera-t-il le renforcement des capacités dans les communautés actuellement dépourvues de services de garde d’enfants? Il n’est pas clair que l’engagement financier fédéral garantira une main-d’œuvre hautement éduquée et qualifiée en matière d’apprentissage et de garde des jeunes enfants.
Pour conclure
La responsabilité inhérente des peuples autochtones de fournir les meilleurs soins possibles continuera d’alimenter leur désir de contrôler la conception, l’élaboration et la prestation des programmes et services d’apprentissage et de garde des jeunes enfants afin de prendre en charge les enfants autochtones.
Les visions du monde autochtone, les conséquences du colonialisme et l’héritage des pensionnats indiens définiront, pour les générations à venir, les besoins uniques en matière de programmes et de prestation de services d’une communauté à l’autre et d’une région à l’autre. Pour satisfaire à l’ampleur et à la qualité des programmes, et comme progression naturelle, serait-il judicieux d’élargir la collaboration avec les organismes autochtones impliqués dans l’éducation?
La mise en place d’un système d’apprentissage et de garde des jeunes enfants autochtones au Canada nécessite un financement suffisant et durable dans le cadre d’un modèle de financement unique qui tient compte de l’histoire et des réalités et aspirations linguistiques, culturelles, sociales, spirituelles, éducatives et économiques des peuples autochtones. Les visions du monde autochtone sont le fondement de l’éducation et de la formation d’une main‑d’œuvre capable de satisfaire aux besoins uniques des enfants autochtones, de leurs familles et de leurs communautés. La mise en place d’un système pour les populations autochtones ne peut être une image miroir de ce qui existe dans les populations provinciales ordinaires.
Les peuples autochtones doivent être la force motrice à tous les niveaux de gouvernement où des décisions sont prises, depuis la consultation et la conception et l’élaboration des politiques jusqu’à la détermination des modèles de financement, la mise en œuvre, le soutien des systèmes, l’éducation et la formation, les données et la recherche. En fin de compte, la conception d’un système d’apprentissage et de garde des jeunes enfants pour les enfants et les familles autochtones pourrait inclure, mais sans s’y limiter, les éléments suivants :
- Options de garde d’enfants structurée et non structurée
- Personnel désigné pour les évaluations du développement de l’enfant
- Programmation en langue autochtone
- Spécialistes en élaboration de programmes et de politiques
- Accès à des orthophonistes et à des audiologistes
- Accès à des supports médicaux
- Programmation parentale (approche holistique du développement de l’enfant)
- Développement professionnel continu pour le personnel de l’apprentissage et de la garde des jeunes enfants
- Soutien au transport
- Soutien administratif, ressources humaines et financier
- Partenariats avec l’école locale / le conseil scolaire pour des services de soutien partagés
- Partenariats avec des organismes de soutien communautaire
Un travail considérable est nécessaire pour conceptualiser l’existence d’un système d’apprentissage et de garde des jeunes enfants accessible, abordable, adapté et culturellement pertinent, conçu pour satisfaire aux aspirations des peuples autochtones du Canada. Dans quelle mesure l’engagement fédéral soutiendra-t-il la création d’un système d’apprentissage et de garde des jeunes enfants autochtone adapté, qui satisfera aux besoins actuels et à ceux des sept générations à venir?
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