Résumé 

L’Indice de dynamisme du Canada atlantique de cette année révèle que la région se trouve à un tournant décisif. Le fort dynamisme décrit dans l’indice de l’année dernière[1] s’est ralenti alors que la région s’efforce de s’adapter aux défis qui accompagnent les périodes de prospérité et une croissance démographique sans précédent. Si le dynamisme reste positif, il est aujourd’hui plus hésitant. Sur les 25 indicateurs retenus pour cette étude, 15 traduisent un dynamisme (60 %), contre 16 indicateurs sur 20 (80 %) l’année précédente, ce qui représente une certaine diminution.

Par rapport à l’ensemble du Canada, où 17 des 25 indicateurs sont dynamiques, la région accuse un léger retard. Le moteur de cette performance plus faible est le ralentissement de la croissance économique qui, bien que toujours dynamique dans le Canada atlantique, a été plus forte dans le reste du pays.

Fait inquiétant, l’exceptionnel sentiment d’appartenance qui a fait la fierté et la force de la région a nettement reculé dans l’indice de cette année, même s’il reste supérieur à la moyenne nationale. Certains défis urgents, tels que le logement et les soins de santé, sont importants mais ne sont pas propres à la région.

L’indice démontre encore des points forts considérables, notamment la population, l’âge médian, l’emploi et la productivité du travail. Mais pour que cet élan se poursuive – et qu’il ne s’agisse pas d’un épisode postpandémique dans une tendance historique plus sombre – un effort concerté et coordonné est nécessaire pour mieux stimuler et gérer la croissance.

Tous les marins connaissent le vieil adage : On ne peut pas diriger le vent, mais on peut ajuster les voiles.

Au cours de la dernière décennie, des changements sociaux et démographiques aussi imprévisibles que le vent sont venus des quatre coins du Canada atlantique et il est clair que les dirigeants politiques et économiques doivent ajuster les voiles si la région veut maintenir son élan.

La population est confrontée à des opportunités uniques et inhabituelles. Le Canada atlantique connaît son plus grand essor depuis la Seconde Guerre mondiale. Cependant, cela ne durera pas éternellement, et il est nécessaire de prendre des décisions stratégiques dès maintenant – de régler les voiles correctement – si la région veut être dans la meilleure position possible pour bénéficier pleinement du vent de dos.

Un changement de perception en faveur de la région, comme on n’en observe qu’une fois par génération, s’est produit à la suite de la COVID-19. Alors que le monde était en proie à la pire pandémie du siècle, les Canadiens et les Canadiennes de l’Atlantique se sont ralliés aux mesures de santé publique, si bien que la maladie semble avoir fait moins de victimes dans la région que partout ailleurs dans l’hémisphère occidental. Leur cohésion, leur confiance et leur esprit d’initiative leur ont permis de construire la bulle de déplacement des provinces de l’Atlantique.

Après la fin de l’état d’urgence, cette partie du monde longtemps considérée comme un coin perdu et dépendant a soudain pris un nouvel essor. Grâce à un effort concerté en faveur de l’immigration, les années de déclin démographique s’inversaient déjà. La transition vers le travail à domicile imposée par la pandémie a été la dernière pièce du puzzle, entraînant un déplacement soudain de la population vers l’est.

Le retour de la croissance démographique, tout comme la bulle atlantique, est le fruit de décisions politiques judicieuses. Pour la première fois depuis des décennies, un grand nombre de nouveaux arrivants s’est installé dans le Canada atlantique, et beaucoup d’entre eux y sont restés, apportant diversité et énergie à des communautés auparavant confrontées à un fort déclin démographique. Alors que les communautés rurales ont longtemps craint de perdre leur hôpital local, le défi consiste désormais à garantir la présence d’un nombre suffisant de médecins de famille.

Après de longues décennies au cours desquelles les Canadiens de l’Atlantique ont lutté pour le progrès – élevant et éduquant des générations de jeunes pour ensuite les voir partir vers l’ouest – le vent a soufflé sur la région. Comme l’a montré notre premier rapport sur l’Indice de dynamisme du Canada atlantique[2] l’année dernière, la région a enregistré une croissance dans 16 des 20 indicateurs sociaux et économiques clés entre 2015 et 2022, dépassant ainsi le reste du pays.

Le rapport de cette année, le deuxième Indice de dynamisme du Canada atlantique, montre que l’élan se poursuit, mais la nécessité de prendre des mesures ciblées pour éviter un retour en arrière. L’investissement commercial est faible et il n’y a pas assez de logements ou de soins de santé pour les travailleurs du savoir productifs que la région a été si heureuse d’accueillir.

Après consultation, cinq nouveaux indicateurs ont été ajoutés à l’Indice de dynamisme 2024  : le taux de pauvreté, les émissions de gaz à effet de serre, l’accessibilité du logement, l’investissement dans les énergies renouvelables et le taux d’activité des femmes ayant des enfants de moins de six ans, de sorte que l’indice présente une image encore plus complète de l’économie et des domaines à surveiller. Cette année, 15 des 25 indicateurs démontrent un dynamisme, en-dessous de la moyenne générale du pays, où l’on en compte 17. (Si l’on ne considère que les 20 indicateurs initiaux, 13 d’entre eux, soit 65 %, affichent un dynamisme cette année).

Pas de quoi désespérer, mais cela souligne la nécessité pour les décideurs politiques et les dirigeants d’entreprises et de communautés d’ajuster les voiles.

La vague de nouveaux arrivants qui a injecté tant d’argent, de talent et d’énergie dans le Canada atlantique a atteint son pic en 2023, à la suite duquel l’élan de la région a connu un ralentissement. Les chiffres du deuxième Indice de dynamisme du Canada atlantique annoncent une tendance à la baisse, alors que la région approche de la fin d’un boom historique.

Du côté positif, l’indice continue d’indiquer un bon dynamisme dans des domaines clés tels que la croissance démographique, l’immigration et la baisse de l’âge médian. Le taux de pauvreté est par ailleurs en baisse et les mises en chantier de logements sont en forte hausse. Toutefois, certains autres indicateurs, tels que la satisfaction de vivre, la rétention des personnes immigrantes, l’investissement non résidentiel et le revenu d’emploi, semblent s’essouffler (voir le tableau 3).

Le Canada atlantique se porte beaucoup mieux qu’avant l’afflux récent (et bienvenu) de population, mais la région doit faire face à d’importantes difficultés pour absorber autant de nouveaux habitants. Il ne s’agit pas seulement de fournir des soins de santé, des logements, des loisirs et d’autres services. Il s’agit avant tout de prendre une pause mentale. Il nous faut comprendre l’ampleur de ce qu’il s’est passé – et comprendre que la situation a évolué si rapidement que les approches qui ont fait leurs preuves ne nous serviront peut-être plus.

Nous devons modifier notre façon de penser, selon Donald Savoie, professeur à l’Université de Moncton, qui étudie attentivement le développement économique régional depuis des décennies. Il y a quarante ans, il a rédigé pour le premier ministre de l’époque, Brian Mulroney, le rapport qui a conduit à la création de l’Agence de promotion économique du Canada atlantique, avant de signer les ouvrages les plus importants sur la question, notamment Visiting Grandchildren: Economic Development in the Maritimes and Looking for Bootstraps: Economic Development in the Maritimes.

Au moment où il a rédigé son rapport pour M. Mulroney, « nous avions des travailleurs, mais nous n’avions pas vraiment d’emplois. Aujourd’hui, nous avons des emplois, mais nous n’avons pas de travailleurs », explique-t-il. « Nous importons des gens et cela perturbe notre système de santé et d’éducation. C’est la folie à Moncton, complètement. À Halifax aussi. C’est une croissance que nous n’arrivons pas à gérer ».

Pendant des générations, les dirigeants de la région atlantique se sont concentrés, par nécessité, sur la gestion du déclin. Pour des raisons économiques, politiques et géographiques complexes, le principal produit d’exportation de la région était la jeunesse productive. Avec une population plus âgée nécessitant des dépenses plus importantes en matière de soins de santé et d’autres services, et une population de jeunes productifs et contribuables en diminution, la région semblait s’engager dans une spirale descendante. Il était souvent difficile de se montrer optimiste, car en plus du trou fiscal créé par une démographie alarmante, on manquait de capitaux, de petits marchés, de personnes immigrantes et d’esprit d’entreprise.

Tout cela a changé en un rien de temps. La région a connu une croissance explosive. Entre 2010 et 2019, la population du Canada atlantique n’a augmenté que de 77 797 personnes. De 2019 à 2023, elle augmente de 169 156 personnes, avec un taux de croissance de 2,5 % en 2022 et de 3,1 % en 2023. Le paysage des communautés endormies et jusque-là homogènes du Canada atlantique est soudain devenu plus diversifié et plus vivant, des voix en punjabi, mandarin et tagalog là venant alors se mêler à l’anglais et au français que l’on y entendait auparavant. À Charlottetown, par exemple, il existe désormais une ligue de basket-ball philippine à 16 équipes. Une grande partie des nouveaux arrivants est venue de l’étranger[3] : 28 000 immigrants en 2021-2022 et 32 000 en 2022-2023, soit 60 000 sur deux ans. À elle seule, la ville d’Halifax a accueilli près de 30 000 immigrants entre 2020 et 2023.

Les avantages sont énormes : une énorme bouffée de jeunesse, de diversité, d’énergie et beaucoup d’argent. Toutes ces nouvelles personnes, qu’elles viennent de l’Ontario, de Kiev ou de Manille, apportent avec elles de nouvelles idées. « Les nouvelles perspectives, la diversité de pensée et les personnes venant de différentes parties du monde et de différentes parties du pays […] ont été très bénéfiques », déclare Sarah Young, l’une des partenaires fondatrices de Sandpiper Ventures, un fonds de capital-risque pour les femmes basé à Halifax. « Il y a des gens qui viennent et qui ne portent pas nécessairement le fardeau de l’histoire du Canada atlantique. En soi, cela a été très utile, car les gens arrivent et disent simplement : « C’est un endroit extraordinaire ».

Cet afflux a stimulé l’économie des villes du Canada atlantique. Les experts en développement régional se demandent s’il est encore utile de considérer cette région comme ayant des problèmes différents de ceux du reste du Canada urbain. Les zones bien reliées au reste du pays par les transports sont aujourd’hui économiquement similaires aux autres régions. Elles partagent les difficultés des autres parties du Canada urbain, mais sont maintenant tout aussi prometteuses.

« La convergence entre […] le Canada atlantique et le reste du Canada est incroyable, et le plus incroyable est que, grâce au pétrole, Terre-Neuve passe de la dernière place à un niveau supérieur, en 2013-2014, à la moyenne canadienne », constate Doug May, économiste à l’Université Memorial. « Si l’on considère le revenu rajusté, il est fort probable que le niveau de vie individuel soit plus élevé au Canada atlantique que dans la moyenne canadienne. »

Au-delà de l’activité, il y a cependant des raisons de s’inquiéter. Le niveau d’investissement non résidentiel dans la région est faible : 70,9 % de la moyenne nationale en 2022. Il est depuis longtemps faible dans les Provinces maritimes et fluctue à Terre-Neuve en fonction des grands projets énergétiques. Les dépenses des entreprises en matière de recherche et de développement progressent lentement, mais restent nettement inférieures à la norme canadienne, qui est déjà faible. Ces chiffres sont décourageants et suggèrent la nécessité d’une action à long terme.

À court terme, de nombreuses communautés rurales s’en sortent mieux qu’il n’y paraît à première vue, car de nombreux anciens résidents sont partis en Alberta ou dans d’autres régions éloignées pour gagner de l’argent, qu’ils finissent par rapporter chez eux pour le dépenser. L’astuce consiste à empêcher plus de départs en créant les conditions d’une économie dynamique capable d’offrir des opportunités.

David Campbell, ancien économiste en chef du gouvernement du Nouveau-Brunswick, estime que la région, et la Nouvelle-Écosse en particulier, doit redoubler d’efforts pour accroître les exportations et réduire les obstacles à l’aquaculture, à l’exploitation minière et à la sylviculture. « Sans croissance démographique, il n’y a pas de croissance économique, mais c’est une condition nécessaire (mais pas suffisante) pour la croissance économique. »

Il y a quelques signes positifs : le type de coopération qui a donné naissance à la bulle atlantique s’est étendu aux efforts visant à réduire les obstacles et à stimuler la mobilité de la main-d’œuvre, y compris les initiatives visant à harmoniser la formation et l’octroi de licences dans toute la région pour les métiers spécialisés. L’Atlantic Physician Registry permet aux médecins d’exercer dans toute la région moyennant une cotisation annuelle modique.

Le manque d’activité économique n’est pas le problème dans les zones urbaines du Canada atlantique, du moins. En général, les économies sont chaudes ou en surchauffe dans toutes les communautés situées à environ une heure de l’autoroute reliant Halifax à Montréal – un corridor d’affluence – et dans les zones desservies par les aéroports de Charlottetown et de St. John’s. Il s’agit de communautés telles que Bridgewater, Kentville, Truro, New Glasgow, Amherst, Shediac, Oromocto, Fredericton, Moncton, Saint John, Edmundston et Conception Bay, toutes nouvellement diversifiées et débordantes d’activité économique.

« Si vous êtes dans ce corridor, vous vous en sortez très bien », affirme Savoie. « Dans ce corridor, votre principal problème sera d’avoir un bon niveau de service public.. Si vous vous trouvez à l’extérieur de ce corridor, vous avez des raisons traditionnelles de vous inquiéter des problèmes que nous avions il y a 40 ans. »

Selon Savoie, le défi à relever dans les régions urbaines du Canada atlantique ne se limite plus à générer une activité économique. « Le problème est de savoir comment gérer la croissance et comment accueillir les nouveaux Canadiens et les nouvelles Canadiennes comme il se doit. »

Les dirigeants du Canada atlantique doivent d’urgence se pencher sur un nouveau problème auquel est confrontée la région : l’accueil d’une population croissante. Cette afflux massif de personnes prendra un certain temps à être absorbé. Si la dynamique globale reste positive, l’immigration a ralenti, les investissements restent faibles et les régions à croissance lente sont confrontées à des difficultés sous-jacentes difficiles à surmonter.

Le PIB réel par personne a diminué de 1,3 % dans le Canada atlantique en 2022 (l’année la plus récente pour laquelle des données sont disponibles), contre une augmentation de 1,9 % au niveau national, inversant ainsi les progrès que la région avait connus par rapport au reste du pays entre 2015 et 2021. Le revenu d’emploi, tout comme la rétention de l’immigration, vont également dans le mauvais sens. Les indicateurs les plus préoccupants concernent cependant les principaux points de pression liés à la prestation de services essentiels à une population croissante.

Ces enjeux sont suffisamment importants pour que le ralentissement de l’afflux de population puisse être considéré comme une bonne nouvelle. En effet, cela devrait relâcher la pression sur les prix du logement et les soins de santé.

En 2022, 83,1 % des Canadiens et des Canadiennes de l’Atlantique âgés de 12 ans et plus avaient accès à un médecin de famille, soit 2,9 points de moins que la moyenne nationale de 86 %. Le problème s’est considérablement aggravé au fil du temps : de 91,2 % en 2009, ce chiffre est passé à 89,2 % en 2015 et à 87,2 % en 2021.

Picture 3

Ces points de pression ont également un effet psychologique. Les Canadiens et les Canadiennes de l’Atlantique sont moins heureux qu’ils ne l’étaient les années précédentes. En 2022, au Canada atlantique, 85,5 % de la population âgée de 12 ans et plus était satisfaite ou très satisfaite de sa vie, contre 92,3 % l’année précédente, selon Statistique Canada. Une baisse similaire a été observée dans le monde entier, un changement qui semble être lié aux préoccupations liées au coût de la vie. Pour l’ensemble du Canada, le chiffre est passé de 92.2 à 87,2 %.

Ce n’est peut-être pas une coïncidence si l’insatisfaction s’est accrue plus rapidement en Nouvelle-Écosse, où le logement est peu abordable, ou si elle s’est inversée à Terre-Neuve-et-Labrador, où le logement est devenu plus abordable.

Au cours des dernières années, le nombre de jeunes malheureux a fortement augmenté dans de nombreux pays occidentaux, ce qui a été relevé par le 2024 World Happiness Report[4], dirigé par John F. Helliwell, professeur à l’université de Colombie-Britannique. Ce phénomène pourrait être lié à la pénurie de logements, qui touche les jeunes de manière disproportionnée.

Dans la plupart des régions urbaines du Canada, le logement est depuis longtemps un problème, mais pour le Canada atlantique, c’est un nouveau problème . À Halifax, par exemple, le prix moyen des logements atteindra 550 605 dollars en 2023, soit plus du double du niveau d’il y a dix ans. Le loyer moyen en 2023 était de 1 538 dollars, contre 965 dollars en 2015. Le taux d’inoccupation est de 1 % depuis trois ans à Halifax, Moncton et St. John’s, et des campements de tentes ont vu le jour.

Les dirigeants ont réagi en prenant des mesures visant à accroître l’offre de logements, ce qui a eu un impact. Les logements mis en chantier dans la région – qui, jusqu’à récemment, accusaient un retard considérable par rapport au reste du pays – ont bondi. Certains projets y contribuent également. Sur la rive nord du fleuve Saint-Jean, à Fredericton, Marcel LeBrun, un ingénieur logiciel qui a gagné des centaines de millions en développant la technologie de diffusion vidéo sur internet, a construit 12 Neighbours[5], une communauté de petites maisons pour une centaine de personnes, dont beaucoup viennent des abris de tentes du centre-ville de Fredericton.

« Lorsque nous avons commencé, il y avait environ 100 personnes sur la liste (pour les maisons) », explique Joshua Lebrun, le directeur administratif. « Aujourd’hui, il y en a probablement 300 ou 400. Le problème s’est donc aggravé, il n’a pas diminué ».

La fourniture de logements, de soins de santé et d’autres services, y compris les transports en commun et les parcs pour les locataires urbains, est essentielle si la région veut continuer à attirer des travailleurs du savoir qui peuvent vivre où ils le souhaitent.

« La combinaison des investissements dans les infrastructures – soins de santé, éducation, routes, égouts, parcs et équipements, transports en commun – si l’on ne planifie pas à l’avance une croissance vraiment rapide, on obtient alors une croissance morne et autodestructrice qui s’essouffle », explique Lars Osberg, économiste à l’université de Dalhousie.

À propos de l’indice

Le premier rapport sur le dynamisme du Canada atlantique, publié en mars 2023, a élaboré un tableau de bord basé sur 20 indicateurs. Nous avons comparé les tendances de 2015 à 2022 avec la période de 2008 à 2015 et nous avons également comparé les données à l’ensemble du Canada pour voir si la performance absolue de la région a dépassé les indicateurs nationaux.

Ce rapport suit la même méthodologie que le rapport 2023, avec l’ajout de nouvelles données[6]. Nous avons également ajouté cinq nouveaux indicateurs : le taux d’activité des femmes ayant des enfants de moins de six ans, les émissions de gaz à effet de serre, l’investissement dans les énergies renouvelables, l’accessibilité au logement et le taux de pauvreté.

Le rapport de l’année dernière faisait état d’améliorations dans la région pour 16 des 20 indicateurs sociaux et économiques clés entre 2015 et 2022, dépassant souvent le reste du pays. Pour la période de 2015 à 2022/23, 23 des 25 indicateurs du Canada atlantique se sont améliorés. Toutefois, la région est en retard par rapport à l’ensemble du pays, où 17 des 25 indicateurs ont connu une amélioration.

Le Canada atlantique et le pays dans son ensemble ont connu une détérioration pour quatre indicateurs : l’investissement non résidentiel, l’abordabilité du logement, la satisfaction à l’égard de la vie et le sentiment d’appartenance (tableau 2 de l’annexe). Le Canada atlantique a également connu une détérioration des exportations, du revenu d’emploi, de l’investissement dans les énergies renouvelables et de l’accès à un médecin de famille.

Nombre d’indicateurs ayant connu une amélioration ou une détérioration dans Indice du Canada atlantique, de 2015 à 2022-2023

Amélioration Détérioration
Canada 20 5
Canada atlantique 17 8
Terre-Neuve-
et-Labrador
14 11
Île-du-Prince-
Édouard
18 7
Nouvelle- Écosse 19 6
Nouveau-Brunswick 16 9
Québec 22 3
Ontario 20 5
Manitoba 17 8
Saskatchewan 14 11
Alberta 13 12
Colombie-Britannique 20 5

Remarque : une augmentation du taux de variation des variables de l’âge médian, du coefficient de Gini et du NEEF est considérée comme une amélioration et une diminution de la détérioration indique un élan positif. Pour les autres variables, le dynamisme est associé à une évolution positive.

Le tableau 2 présente le nombre d’indicateurs au Canada, au Canada atlantique et dans les 10 provinces (les territoires ne sont pas inclus) qui ont connu une amélioration ou une détérioration de leur performance au cours de la période de 2015 à 2022-2023 par rapport à la période précédente de 2008 à 2015. Les indicateurs qui affichent une amélioration sont dits dynamiques.

Nombre d’indicateurs ayant démontré un dynamisme (changement positif du taux de variation) (2008 à 2015 c. 2015 à 2022-2023)

Dynamisme Pas de dynamisme
Canada 17 8
Canada atlantique 15 10
Terre-Neuve-
et-Labrador
18 7
Île-du-Prince-
Édouard
13 12
Nouvelle- Écosse 15 10
Nouveau-Brunswick 14 11
Québec 17 8
Ontario 16 9
Manitoba 14 11
Saskatchewan 11 14
Alberta 9 16
Colombie-Britannique 18 7

Un changement négatif du taux de changement des variables de l’âge médian, du coefficient de Gini et de NEEF entre deux périodes indique un dynamisme. Pour les autres variables, le dynamisme est associé à une évolution positive.

Quinze des 25 indicateurs du Canada atlantique se sont améliorés entre 2015 et 2022-2023 par rapport à 2008 à 2015, tandis que 10 indicateurs se sont détériorés. Cela témoigne de l’élan de la région[7], même si la proportion d’indicateurs indiquant un élan (60 %) était inférieure à celle du premier rapport de l’Indice de dynamisme du Canada atlantique (80 %, basé sur 18 des 20 indicateurs).

Le dynamisme au Canada atlantique a été moindre qu’au niveau national, où 17 des 25 indicateurs ont démontré un dynamisme. Dans le rapport précédent, le Canada avait fait moins bien que le Canada atlantique, puisque la moitié (10 sur 20) des indicateurs n’avaient pas connu de hausse. Ce changement reflète l’ajout d’une année supplémentaire ou, pour certains indicateurs, de deux années supplémentaires de données.

La croissance économique est un chiffre clé. Au Canada, en 2022, elle a été forte (3,8 %), bien supérieure à celle du Canada atlantique (1,1 %) (tableau 1 de l’annexe). La croissance économique a une influence positive sur de nombreux indicateurs.

Les sept indicateurs pour lesquels le Canada atlantique a surpassé la moyenne nationale sont : l’immigration, le taux de participation des femmes ayant des enfants de moins de six ans, la production d’énergie non émettrice, les émissions de gaz à effet de serre, le coefficient de Gini, l’abordabilité du logement et le sentiment d’appartenance.

Les 25 indicateurs de cette année relèvent de cinq domaines : la macroéconomie, le capital humain, la performance du marché du travail, l’innovation et l’investissement, et la qualité de vie. Les tendances du Canada atlantique en ce qui concerne ces indicateurs de 2015 à l’année la plus récente pour laquelle les données sont disponibles sont comparées à la période 2008-2015 pour le pays en général et le Canada atlantique en particulier. Une amélioration de la performance entre les périodes est un signe de dynamisme.

Des comparaisons sont également effectuées entre les taux d’amélioration des indicateurs dans le Canada atlantique et dans l’ensemble du pays, afin de déterminer si le rendement absolu de la région a été supérieur à celui du Canada. Il est possible que la région ait connu une très forte amélioration après 2015, alors qu’elle a enregistré des résultats très médiocres avant 2015, mais qu’elle reste en dessous de la moyenne nationale.

Le domaine comporte trois indicateurs : le PIB réel, le PIB réel par personne et les exportations réelles. Pour ces trois indicateurs, le Canada atlantique a fait preuve d’un dynamisme considérable après 2015. En revanche, l’économie canadienne affiche un dynamisme pour deux de ces indicateurs après 2015.

Croissance économique (PIB réel)

L’économie du Canada atlantique a connu une croissance très lente de 2008 à 2015, soit une moyenne de seulement 0,1 % par an. Toutefois, au cours de la période de 2015 à 2022, la croissance économique s’est considérablement accélérée pour atteindre 1,14 % par an, ce qui est une preuve évidente de dynamisme.

Entre-temps, l’économie canadienne a progressé de 1,54 % par an sur la période de 2008 à 2015. La croissance économique est ensuite passée à 1,78 % par an sur la période de 2015 à 2022, soit une accélération de 0,24 point.

Malgré le redressement très important de l’économie du Canada atlantique après 2015, en termes absolus, la croissance du PIB réel était encore considérablement plus élevée au niveau national.

PIB réel par personne

L’économie atlantique a connu une croissance négative du PIB réel par personne de 2008 à 2015, à raison de -0,11 % par an. Au cours de la période de 2015 à 2022, la croissance du PIB réel par personne suivant la tendance de la croissance économique du PIB réel s’est accélérée pour atteindre 0,2 % par an, soit une amélioration de 0,31 point de pourcentage et un fort dynamisme.

Le PIB réel par personne de l’économie canadienne a progressé de 0,51 % par an entre 2008 et 2015, et la croissance se poursuivra à un rythme légèrement plus rapide de 0,53 % entre 2015 et 2021, soit une amélioration de 0,02 point de pourcentage. La croissance du niveau de vie s’est accélérée au Canada atlantique et au niveau national après 2015.

Le taux de croissance du PIB réel par personne au Canada atlantique est inférieur à la moyenne canadienne depuis 2015 (0,2 % contre 0,53 %).

En valeurs absolues, le PIB réel par personne au Canada atlantique est inférieur à celui du pays dans son ensemble, et l’écart ne se resserre pas. En 2022, le PIB réel par personne était de 49 502 dollars (en dollars courants de 2017), ce qui représente 82,8 % du niveau national de 59 762 dollars. Ce niveau relatif est en baisse par rapport à 84,8 % en 2015 et 88,5 % en 2008. En 2022, le PIB réel par personne a diminué de 1,3 % dans le Canada atlantique, alors qu’il a augmenté de 1,9 % à l’échelle nationale. Cette baisse annule les gains de niveau de vie que la région a connus par rapport à la moyenne nationale entre 2015 et 2021.

Exportations réelles

Les performances de l’économie du Canada atlantique en matière d’exportations de 2008 à 2015 étaient très mauvaises, les exportations réelles ayant baissé de 1,93 % par an. Au cours de la période de 2015 à 2022, les exportations réelles ont encore diminué, mais à un rythme plus lent (-0,44 %), ce qui représente une amélioration du dynamisme de 1,49 point de pourcentage.

Les exportations réelles au niveau national ont progressé de 1,61 % par an entre 2008 et 2015, mais la croissance a fléchi pour atteindre 1,03 % entre 2015 et 2021, soit une décélération de 0,59 point.

Le taux de croissance des exportations réelles dans le Canada atlantique a été beaucoup plus faible que la moyenne canadienne entre 2015 et 2022 (-0,44 % contre 1,03 %). C’est l’une des principales raisons du ralentissement de la croissance économique de la région.

En valeurs absolues, les exportations réelles par personne sont plus faibles dans le Canada atlantique qu’au niveau national, et l’écart s’aggrave. En 2022, les exportations réelles par personne s’élevaient à 22 700 $ (en dollars de 2017), soit 80,4 % du niveau national de 28 246 $, contre 87,2 % en 2015 et 105,6 % en 2008, avant la chute des exportations de la région de l’Atlantique.

Le domaine du capital humain comprend six indicateurs : la population, l’âge médian, l’immigration, la rétention de l’immigration, la proportion de jeunes qui ne sont ni en emploi, ni en éducation, ni en formation (NEEF), et la proportion de la population ayant fait des études supérieures. Le Canada atlantique a fait preuve de dynamisme pour cinq des six indicateurs, l’exception étant la rétention de l’immigration. Le pays dans son ensemble a progressé pour les six indicateurs.

Population

Le Canada atlantique a connu une très faible croissance démographique de 2008 à 2015, avec seulement 0,21 % par an en moyenne. Mais au cours de la période de 2015 à 2023, cette croissance s’est considérablement accélérée pour atteindre 1,2 % par an, soit une accélération de 0,99 point de pourcentage. Les très fortes augmentations de la population en 2023 et 2022 (3,1 % et 2,5 % respectivement) ont contribué de manière significative à cette croissance plus rapide.

À l’échelle nationale, la population a augmenté de 1,02 % par an entre 2008 et 2015, puis de 1,46 % entre 2015 et 2023, soit une accélération de 0,44 point de pourcentage. L’accroissement de la population au Canada atlantique après 2015 a été deux fois supérieur dans l’ensemble du pays, bien que les deux aient démontré un dynamisme considérable.

La croissance de la population après 2015 était encore légèrement plus lente dans le Canada atlantique qu’au niveau national (1,2 % contre 1,46 %). Cette situation s’explique par le nombre relativement faible de personnes immigrantes dans la région et par la migration nette vers le reste du Canada.

Immigration

La région a connu une forte croissance de l’immigration de 10,43 % par an entre 2008 et 2009 et 2015 et 2016 (contrairement à tous les autres indicateurs qui sont déclarés sur une base calendaire, l’immigration est enregistrée du 1er juillet au 30 juin). Entre 2015 et 2016 et 2022 et 2023, l’immigration a été encore plus forte, atteignant 13,21 % par an, soit une augmentation de 2,78 points de pourcentage.

Au Canada, l’immigration a augmenté de 4,02 % par an entre 2008 et 2009 et 2015 et 2016, puis de 5,46 % entre 2015 et 2016 et 2022 et 2023, soit une accélération de 1,44 point de pourcentage. C’est moins que le Canada atlantique, mais c’est un élan considérable.

En valeurs absolues, la croissance de l’immigration après 2015 a été beaucoup plus élevée dans le Canada atlantique qu’au niveau national (13,21 % contre 5,46 %), encore une fois en raison d’une base plus faible.

Rétention des personnes immigrantes

Le taux de rétention des personnes immigrantes est défini comme le nombre de personnes qui se trouvent toujours dans la province ou le pays d’arrivée un an ou cinq ans plus tard. Il a toujours été plus faible dans le Canada atlantique que dans l’ensemble du Canada. Les données ne sont disponibles que pour le taux de rétention des personnes immigrantes sur cinq ans, de 2012 à 2016, et pour le taux de rétention sur un an, de 2016 à 2020. Le dynamisme est défini comme la différence entre les périodes de 2012 à 2016 et de 2016 à 2020, en supposant que les tendances des deux taux sont comparables.

Dans le Canada atlantique, le taux de rétention sur cinq ans a augmenté de 0,5 % par an, passant de 53,8 % en 2012 à 54,6 % en 2016. Le taux de rétention sur un an a augmenté de 0,31 % par an, passant de 67,2 % en 2016 à 68,1 % en 2020. Compte tenu de la baisse de la croissance du taux de rétention de 0,19 point de pourcentage entre les périodes, cet indicateur n’a pas connu d’élan.

Les taux provinciaux moyens de rétention des personnes immigrantes (définis comme la moyenne pondérée en fonction de la population des taux de rétention provinciaux) ont diminué. Le taux de rétention sur cinq ans a diminué de 0,26 % par an, passant de 84,7 % en 2012 à 83,9 % en 2016. Le taux de rétention sur un an a diminué de 0,1 % par an, passant de 88,3 % en 2016 à 88,2 % en 2020. Compte tenu de l’amélioration de 0,25 point de pourcentage de la performance entre les périodes, cet indicateur a fait preuve d’un certain dynamisme.

Âge médian

Le Canada atlantique a enregistré une forte hausse de l’âge médian de la population entre 2008 et 2015, soit 0,94 % par an. Au cours de la période de 2015 à 2023, l’âge médian a diminué de 0,06 % par an, soit une décélération de 1,01 point de pourcentage. Cet indicateur, qui est étroitement lié à l’immigration puisque les personnes immigrantes sont en moyenne plus jeunes que l’ensemble de la population, démontre un certain dynamisme.

Au Canada, l’âge médian a augmenté de 0,46 % par an au cours de la période de 2008 à 2015, puis a diminué de 0,03 % par an au cours de la période de 2015 à 2023, soit une décélération de 0,5 point. La baisse de la progression de l’âge médian dans le Canada atlantique après 2015 a été deux fois plus importante que dans l’ensemble du pays (1,01 point contre 0,5 point), les deux affichant un dynamisme considérable.

Jeunes ni en emploi, ni aux études, ni en formation (NEEF)

L’une des mesures de la performance du marché du travail pour les jeunes est la proportion de jeunes, définis comme ceux âgés de 15 à 29 ans, qui n’ont pas d’emploi, ne suivent pas d’études ou ne sont pas en formation (NEEF). Plus le taux de NEEF est élevé, moins le marché du travail répond aux besoins des jeunes. Pour cet indicateur, le dynamisme est défini comme une baisse du taux de croissance.

Le Canada atlantique a connu une baisse de la proportion de NEEF dans la population des jeunes de 2008 à 2015 à un taux annuel moyen de 0,47 %, ce qui est une évolution positive. De 2015 à 2023, cette tendance à la baisse s’est accélérée pour atteindre 0,92 % par an, ce qui représente une amélioration de 0,46 point de pourcentage du taux de croissance entre les périodes.

Au niveau national, la proportion de NEEF a progressé à un taux annuel moyen de 1,15 % entre 2008 et 2015, ce qui est une évolution négative. Elle a ensuite diminué à un taux annuel moyen de 2,07 % entre 2015 et 2023, ce qui représente une variation de 3,22 points entre les deux périodes. Comme c’était le cas dans le Canada atlantique, cet indicateur a connu un élan considérable au niveau national.

En valeurs absolues, le taux de NEEF était plus élevé dans le Canada atlantique qu’au Canada,, bien que l’écart ait diminué en raison du taux de croissance plus rapide du nombre de NEEF au niveau national.

Niveau de scolarité

L’indicateur utilisé pour suivre cette caractéristique est la proportion (ou le taux) de la population âgée de 25 à 64 ans ayant suivi un enseignement supérieur, sous la forme d’un enseignement postsecondaire ou d’une formation professionnelle.

Le Canada atlantique a connu une croissance rapide du niveau d’instruction de sa population au cours des dernières années. De 2008 à 2015, la proportion de personnes ayant suivi un enseignement supérieur a augmenté à un taux annuel moyen de 2,03 %. De 2015 à 2023, le taux de croissance est passé à 2,84 %, soit une accélération de 0,81 point. La proportion de travailleurs bien formés dans le Canada atlantique connaît une forte progression.

Au niveau national, on observe également une tendance à la hausse du taux d’éducation tertiaire, bien qu’à un rythme plus lent qu’au Canada atlantique. De 2008 à 2015, le taux a progressé à une moyenne annuelle de 1,66 %, pour atteindre 1,71 % entre 2015 et 2023, soit une accélération de 0,05 point. À l’échelle nationale, cet indicateur a enregistré une progression après 2015, mais elle était inférieure à celle du Canada atlantique (0,81 contre 0,05 point).

En valeurs absolues, la proportion de la population âgée de 25 à 64 ans ayant fait des études supérieures est plus faible dans le Canada atlantique qu’à l’échelle nationale, bien que l’écart ait diminué en raison du taux de croissance plus rapide du niveau d’instruction dans le Canada atlantique.

Le domaine de la performance du marché du travail comprend quatre indicateurs : le taux d’emploi, le revenu d’emploi, la productivité du travail et le taux de participation des femmes ayant des enfants de moins de six ans. Deux de ces indicateurs ont connu un élan au Canada atlantique et trois au niveau national.

Taux d’emploi

Le Canada atlantique a vu le taux d’emploi du groupe d’âge de 15 à 64 ans augmenter de 0,13 % par an entre 2008 et 2015. Ce taux de croissance est passé à 0,68 % pour la période de 2015 à 2023, soit une accélération (et donc un fort dynamisme) de 0,57 point.

Au niveau national, le taux d’emploi a connu une tendance à la baisse sur la période de 2008 à 2015 (-0,2 % par an). La tendance s’est ensuite inversée, le taux d’emploi augmentant en moyenne de 0,58 % par an sur la période 2015-2023, soit une accélération de 0,77 point de pourcentage.

En valeurs absolues, le taux d’emploi est plus faible dans le Canada atlantique qu’à l’échelle nationale, l’écart se réduisant considérablement au fil du temps.

Revenu d’emploi

Le Canada atlantique a connu une croissance du revenu d’emploi réel de 0,44 % par an de 2008 à 2015. Toutefois, de 2015 à 2022, le revenu d’emploi a diminué de 0,07 % par an, ce qui représente un ralentissement de 0,51 point de pourcentage par an. Il n’y a donc pas d’élan dans la tendance du revenu d’emploi au Canada atlantique.

À l’échelle nationale, les tendances sont inversées. De 2008 à 2015, le revenu d’emploi a diminué à un taux annuel moyen de 0,25 %, puis a augmenté de 0,36 % entre 2015 et 2022, soit une accélération de 0,61 point de pourcentage (dynamisme).

En valeurs absolues, le revenu d’emploi est plus faible dans le Canada atlantique qu’à l’échelle nationale, l’écart diminuant et augmentant au fil du temps. En 2008, le revenu d’emploi dans le Canada atlantique représentait 81,7 % du niveau national (53 000 $ en dollars de 2022 contre 64 800 $). Ce chiffre est passé à 84,6 % en 2015 (54 200 $ contre 64 100 $), puis est retombé à 82,1 % en 2022 (59 500 $ contre 72 500 ).

Productivité du travail

La productivité du travail est le principal déterminant du niveau de vie de la population, ce n’est qu’en augmentant la production par heure travaillée que les revenus réels peuvent augmenter.

Le Canada atlantique a connu une croissance négative de la productivité immédiatement après la crise financière. De 2008 à 2015, le rendement par heure dans le secteur des entreprises a diminué à un taux annuel moyen de 0,82 %, principalement en raison de la forte baisse de la productivité à Terre-Neuve-et-Labrador due à l’évolution du secteur pétrolier et gazier. Le taux de croissance de la productivité est passé à 0,49 % entre 2015 et 2023, soit une accélération de 1,32 point. Cela indique un fort dynamisme de la productivité du travail au Canada atlantique.

À l’échelle nationale, le tableau était très différent. De 2008 à 2015, la productivité du travail a progressé à un taux annuel moyen de 1,16 %, avant de tomber à 0,83 % pour la période de 2015 à 2023, soit une décélération de 0,33 point de pourcentage. Ainsi, contrairement au Canada atlantique, on n’observe aucun dynamisme.

En valeurs absolues, le niveau de productivité du travail dans le secteur commercial reste plus faible au Canada atlantique qu’à l’échelle nationale.

Taux d’activité des femmes ayant des enfants de moins de six ans

L’un des obstacles à la participation des femmes à la population active est la disponibilité de services de garde d’enfants à un prix abordable. Étant donné que Statistique Canada ne publie pas de séries chronologiques cohérentes sur les places en garderie, l’indice s’est tourné vers les tendances du taux de participation des femmes ayant des enfants de moins de six ans à la population active (ce qui est l’objectif de la création d’un plus grand nombre de places en garderie).

Le taux de participation des femmes âgées de 25 à 54 ans ayant des enfants de moins de six ans dans le Canada atlantique a augmenté de 0,52 % par an de 2008 à 2015. Il a continué à augmenter après 2015, mais à un rythme plus faible (0,22 % par an entre 2015 et 2023), ce qui a entraîné une décélération de la croissance de 0,31 point de pourcentage entre les périodes. Il n’y a donc pas eu de dynamisme pour cet indicateur.

En revanche, le taux au niveau national a fait preuve d’un dynamisme après 2015. Il a augmenté de 0,33 % par an entre 2008 et 2015, pour atteindre 0,95 % entre 2015 et 2023, soit une augmentation de 0,62 point de pourcentage.

Il convient de noter que le taux d’activité des femmes âgées de 25 à 54 ans ayant des enfants de moins de six ans dans le Canada atlantique dépasse la moyenne nationale depuis 1997. En 2008, ce taux d’activité représentait 106,2 % de la moyenne nationale (76,7 % contre 72,2 %), passant à 107,7 % en 2015, puis chutant à 101,6 % seulement en 2022 (81 % contre 79,7 %).

Le domaine des performances en matière d’innovation et d’investissement comprend cinq indicateurs : les dépenses DIRD (dépenses intérieures en recherche et développement); l’investissement non résidentiel; la production d’énergie non émettrice; l’investissement dans les énergies renouvelables; et les émissions de gaz à effet de serre. Seuls deux de ces cinq indicateurs ont progressé après 2015 (DIRD et émissions de gaz à effet de serre), tant au Canada atlantique qu’à l’échelle nationale.

Dépenses DIRD

Les dépenses intérieures en recherche et développement (DIRD) sont une mesure clé de l’intensité de l’innovation dans un juridiction et un moteur de la croissance économique et de l’augmentation des occasions d’affaires.

Le Canada atlantique a connu une croissance des DIRD de 2,48 % par an entre 2008 et 2015. La croissance des DIRD s’est considérablement accélérée pour atteindre 7,04 % par an de 2015 à 2021 (l’année la plus récente pour laquelle des données sont disponibles), soit une accélération de 4,55 points de pourcentage. Il y a donc un très fort dynamisme dans la performance des DIRD au Canada atlantique depuis le milieu des années 2010, en particulier à Terre-Neuve-et-Labrador et au Nouveau-Brunswick.

À l’échelle nationale, il y a également eu une accélération marquée de la croissance des DIRD après 2015. De 2008 à 2015, les DIRD n’ont progressé qu’à un taux annuel moyen de 1,09 % au Canada. Elles ont ensuite augmenté pour atteindre 7,23 % de 2015 à 2022, soit une accélération de 6,14 points de pourcentage.

Le dynamisme de cet indicateur a donc été plus important à l’échelle nationale qu’au Canada atlantique, mais la force de la croissance des DIRD dans les deux contextes est encourageante.

Le niveau de DIRD au Canada atlantique était de 239 $ par personne en 2021, ou 35 % de la moyenne nationale. Les DIRD sont très faibles au Canada atlantique, mais il y a une tendance à la hausse par rapport au pays dans son ensemble.

Investissement non résidentiel

Au cours de la période de 2008 à 2015, l’investissement non résidentiel dans le Canada atlantique (qui comprend les investissements en machines, équipements et structures par les entreprises et le gouvernement) a été très fort, progressant de 5,02 % par an. Toutefois, cette croissance était en grande partie liée aux projets d’exploitation des ressources à Terre-Neuve-et-Labrador. Les provinces maritimes ont affiché une croissance faible ou négative pour cet indicateur.

Après 2015, l’investissement non résidentiel au Canada atlantique a chuté, diminuant à un taux annuel moyen de 5,87 % entre 2015 et 2022, soit une chute de 10,89 points de pourcentage. Encore une fois, Terre-Neuve-et-Labrador est responsable de 90 % de cette baisse. Cet indicateur n’a démontré aucun dynamisme au Canada atlantique.

À l’échelle nationale, les tendances en investissement non résidentiel ont été beaucoup moins volatiles, bien qu’il y ait eu un creux après 2015. L’investissement non résidentiel a progressé à un taux annuel moyen de 1,36 % de 2008 à 2015, puis a chuté de 0,81 % par an de 2015 à 2022.

Production d’énergie non émettrice

Il est peut-être surprenant de constater que la croissance de la production d’énergie non émettrice (électricité primaire générée par l’hydroélectricité, le nucléaire et les énergies renouvelables) a été lente au cours des dernières années, tant dans le Canada atlantique que dans l’ensemble du pays.

Entre 2008 et 2015, cet indicateur a augmenté à un taux de 0,62 % par an dans le Canada atlantique, puis a chuté à un taux de 0,13 % entre 2015 et 2022, soit une décélération de 0,48 point de pourcentage. Cet indicateur ne démontre aucun dynamisme dans le Canada atlantique.

À l’échelle nationale, la production d’énergie non émettrice a progressé à un taux annuel moyen de 1,02 % de 2008 à 2015, puis a chuté à 0,39 % par an de 2015 à 2022, soit une décélération de 0,63 point, ce qui est très semblable à la perte de dynamisme dans le Canada atlantique.

Par personne, la production d’énergie non émettrice dans le Canada atlantique est bien supérieure à la moyenne nationale et en augmentation. Cela est dû à l’importante production d’hydroélectricité à Terre-Neuve-et-Labrador. En 2022, la région a produit 150,4 % de l’énergie non émettrice par personne de la moyenne nationale, contre 145,7 % en 2008 et 149,9 % en 2015.

Investissement dans les énergies renouvelables

Un deuxième indicateur lié au développement durable est l’investissement dans les énergies renouvelables, définies comme hydroélectriques, solaires et éoliennes.

De 2008 à 2015, les investissements dans les énergies renouvelables sont passés de 124 millions de dollars courants à 1,2 milliard de dollars, soit un taux de croissance de 37,9 %. Terre-Neuve-et-Labrador a représenté 92 % des investissements en 2015, principalement des installations hydroélectriques au Labrador. Avec l’achèvement de ces projets hydroélectriques, les investissements dans les énergies renouvelables dans la région ont chuté à 319 millions de dollars en 2022, soit une baisse de 15 % par an, ce qui signifie que cet indicateur ne démontre aucun dynamisme.

Dans les Maritimes, la tendance des investissements dans les énergies renouvelables est bien différente. Les investissements dans les énergies renouvelables en Nouvelle-Écosse, au Nouveau-Brunswick et à l’Île-du-Prince-Édouard s’élevaient à 104 millions de dollars en 2008, ont légèrement baissé à 103 millions de dollars en 2015, puis ont plus que doublé pour atteindre 267 millions de dollars en 2022. Cela indique un dynamisme considérable pour cet indicateur dans les Maritimes.

La tendance des investissements dans les énergies renouvelables pour l’ensemble du pays est similaire à celle du Canada atlantique. De 2008 à 2015, les investissements dans les énergies renouvelables à l’échelle nationale ont progressé à un taux annuel moyen de 9,3 %. Ce taux de croissance est tombé à 5,36 % par an entre 2015 et 2022, ce qui représente un ralentissement de 3,94 points de pourcentage, c’est-à-dire aucun dynamisme.

Émissions de gaz à effet de serre

Au Canada atlantique, les émissions de gaz à effet de serre par personne ont diminué de 2,8 % par an entre 2008 et 2015. Ce taux de diminution s’est accéléré pour atteindre 2,83 % au cours de la période de 2015 à 2022, ce qui témoigne d’un certain dynamisme.

Le taux de diminution a été beaucoup plus lent au cours des deux périodes au niveau national : -1,27 % par an pour la période de 2008 à 2015 et -1,97 % pour la période de 2015 à 2022, mais il y a eu un plus grand élan après 2017, soit une baisse de 0,69 point de pourcentage.

Les émissions de gaz à effet de serre du Canada atlantique par personne sont inférieures à la moyenne nationale, et l’écart se creuse. En 2022, les émissions de la région représentaient 81,4 % de la moyenne nationale, contre 86,6 % en 2015 et 96,6 % en 2008.

Le domaine de la qualité de vie comporte sept indicateurs : le coefficient de Gini, l’abordabilité du logement, les logements mis en chantier, l’accès à un médecin de famille, le taux de pauvreté, la satisfaction de vivre et le sentiment d’appartenance. Le Canada atlantique a démontré du dynamisme après 2015 pour seulement trois de ces sept indicateurs, tandis que le Canada dans son ensemble a démontré du dynamisme pour quatre indicateurs.

Coefficient de Gini

Après avoir augmenté dans les années 1980 et 1990, le coefficient de Gini – une mesure de l’inégalité des revenus – est resté stable ou a connu une légère tendance à la baisse au Canada au cours du 21e siècle.

Dans le Canada atlantique, le coefficient de Gini a augmenté de 0,29 % par an entre 2008 et 2015, puis a baissé à un taux annuel moyen de 0,84 % entre 2015 et 2022, soit une variation de 1,14 point de pourcentage entre les périodes, ce qui témoigne d’un certain dynamisme.

Au niveau national, le coefficient de Gini est resté inchangé entre 2008 et 2015, puis a diminué de 0,65 % par an entre 2015 et 2022, soit une amélioration de 0,65 point de pourcentage. L’indicateur d’inégalité des revenus a progressé au niveau national, mais à un rythme un peu plus lent qu’au Canada atlantique.

Le niveau d’inégalité des revenus est moins élevé au Canada atlantique qu’à l’échelle nationale. En 2022, le coefficient de Gini au Canada atlantique était de 92,7 % de la moyenne nationale (0,278 contre 0,3).

Abordabilité du logement

Le Centre d’étude des niveaux de vie a élaboré une mesure de l’accessibilité au logement définie comme le rapport entre le prix moyen des logements et le revenu familial moyen. Le taux de variation de ce rapport a augmenté de manière significative après 2015, tant au Canada atlantique que dans l’ensemble du pays, ce qui indique un manque de dynamisme.

Entre 2008 et 2015, le logement est devenu plus abordable au Canada atlantique. Le rapport entre le prix des logements et le revenu a diminué à un taux annuel moyen de 0,51 %, passant de 2,28 à 2,14. La situation a changé radicalement après 2015, lorsque le ratio a augmenté à un taux de 4,24 %, atteignant 2,87 % en 2022.

Au niveau national, le rapport entre le prix du logement et le revenu a augmenté à un taux annuel moyen de 1,74 % entre 2008 et 2015, passant de 3,55 à 4,0. Après 2015, le taux d’augmentation du ratio s’est accéléré pour atteindre 4,75 % par an.

En valeurs absolues, le logement est plus abordable par rapport au revenu dans le Canada atlantique qu’à l’échelle nationale. En effet, en 2022, le rapport entre le prix des logements et le revenu dans le Canada atlantique représentait environ la moitié (51,8 %) de celui de l’ensemble du pays.

Logements mis en chantier

Le nombre de logements mis en chantier a connu un effondrement au Canada atlantique entre 2008 et 2015, avec une baisse de 5.76 % par an. Les logements mis en chantier ont ensuite fortement rebondi entre 2015 et 2023, progressant à un taux annuel moyen de 6,95 %, soit une accélération du taux de croissance de 12,71 points de pourcentage. Les logements mis en chantier dans le Canada atlantique ont donc connu un très fort dynamisme depuis 2015.

À l’échelle nationale, les logements mis en chantier ont suivi une évolution similaire, mais plus modérée. Ils ont diminué de 1,09 % par an entre 2008 et 2015, puis ont rebondi de 2,61 % entre 2015 et 2023, soit un redressement de 3,69 points.

Accès à un médecin de famille

Au Canada atlantique, la proportion de la population qui a accès à un médecin de famille tend à baisser : le taux annuel moyen a baissé de 0,37 % au cours des périodes de 2009 à 2015 (données indisponibles pour 2008) et de 2015 à 2022. Compte tenu de la baisse plus importante au cours de la deuxième période, cet indicateur n’a démontré aucun dynamisme.

À l’échelle nationale, la proportion de Canadiens ayant accès à un médecin de famille a diminué à un taux annuel de 0,3 % entre 2009 et 2015. Cependant, contrairement au Canada atlantique, cet indicateur a progressé de 0,47 % par an entre 2015 et 2022, soit un redressement de 0,77 point de pourcentage (et donc un dynamisme).

En 2022, la proportion de Canadiens de l’Atlantique âgés de 12 ans et plus ayant accès à un médecin de famille était de 83,1 %, soit 2,9 points de pourcentage de moins que la moyenne nationale de 86 %.

Pauvreté

Dans le Canada atlantique, le taux de pauvreté[8] a baissé à un taux annuel moyen de 1,68 %, passant de 17,7 % en 2008 à 15 % en 2015. Le taux de pauvreté a ensuite diminué de 4,35 % par an entre 2015 et 2022, pour atteindre 11,5 % en 2022. La variation du taux de diminution entre les périodes est de 2,67 points de pourcentage, signe d’un dynamisme important.

Un schéma similaire s’est déroulé au niveau national. Le taux de pauvreté a baissé de 0,35 % par an, passant de 14,9 % en 2008 à 14,5 % en 2015. Il s’est ensuite accéléré, chutant de 5,31 % par an de 2015 à 2022, pour atteindre 9,9 % en 2022. La variation du taux de déclin entre les périodes est de 4,96 points de pourcentage.

Le taux de pauvreté dans le Canada atlantique a toujours été supérieur à celui du Canada et cette tendance se poursuit. Après 2015, le taux de diminution a été plus important à l’échelle nationale qu’au Canada atlantique, de sorte que le taux de pauvreté relative de la région atteindra 116,2 % de la moyenne nationale d’ici 2022.

Satisfaction de vivre

Statistique Canada demande aux Canadiens et Canadiennes de noter leur satisfaction de vivre globale sur une échelle de 1 (insatisfaction extrême) à 10 (satisfaction extrême). La proportion des personnes âgées de 12 ans ou plus ayant déclaré être satisfaites ou très satisfaites de leur vie est l’indicateur de satisfaction de vivre utilisé dans ce rapport.

Le niveau de satisfaction de vivre au Canada atlantique a baissé à un taux annuel moyen de 0,2 % de 2008 à 2015. Il est par la suite devenu positif, progressant de 0,18 % par an au cours de la période de 2015 à 2021. Cependant, en 2022, il a chuté de 7,4 %, passant de 92,3 % de la population satisfaite ou très satisfaite à 85,5 %. Il en résulte une baisse annuelle moyenne de 0,94 % de la satisfaction de vivre entre 2015 et 2022. Il n’y a donc pas de dynamisme pour cet indicateur, contrairement à l’année dernière.

Il convient de noter que la satisfaction de vivre dans le Canada atlantique a été très stable au fil du temps (graphique 3). De 2002 à 2021, elle a varié entre un minimum de 91,8 % et un maximum de 93 %. La chute de la satisfaction de vivre en 2022, à 85,5 %, est sans précédent.

À l’échelle nationale, la satisfaction de vivre a augmenté de 0,28 % par an de 2008 à 2015, contrairement à la chute observée au Canada atlantique. De 2015 à 2021, la satisfaction de vivre a légèrement diminué avant de chuter de 5,4 % en 2022. Au cours de la période de 2015 à 2022, la satisfaction de vivre a chuté à un taux annuel moyen de 0,95 % au Canada, soit pratiquement le même taux qu’au Canada atlantique.

Graphique 3 : Satisfaction de vivre : Réponse satisfait ou très satisfait, Canada et provinces de l’Atlantique, de 2003 à 2022

En 2008, les Canadiens de l’Atlantique étaient légèrement plus satisfaits de la vie que les Canadiens en général, avec 101,6 % de la moyenne nationale. Ce n’était plus le cas en 2022, lorsque seulement 85,5 % de la population âgée de 12 ans et plus était satisfaite ou très satisfaite de sa vie, ce qui est légèrement inférieur à la moyenne canadienne de 87,2 %.

Sentiment d’appartenance

Le sentiment d’appartenance à une collectivité est un facteur clé du bonheur. Statistique Canada étudie cette question chaque année dans le cadre de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes.

La proportion de personnes âgées de 12 ans et plus au Canada atlantique qui ont déclaré avoir un sentiment d’appartenance à la collectivité locale a augmenté à un taux annuel moyen de 0,14 % de 2008 à 2015. Elle a continué d’augmenter de 2015 à 2021, puis a chuté de 8,7 % en 2022, ce qui se traduit par une variation annuelle moyenne de 0,95 % du sentiment d’appartenance des Canadiens et des Canadiennes de l’Atlantique entre 2015 et 2022. Cet indicateur ne démontre pas un dynamisme dans la région.

Tout comme la satisfaction de vivre, le sentiment d’appartenance à la communauté au Canada atlantique a été assez stable au fil du temps (graphique 4). La chute du sentiment d’appartenance en 2022, qui est passé de 77,2 % en 2021 à 70,5 %, est sans précédent.

Graphique 4 : Sentiment d’appartenance à la communauté locale, plutôt fort ou très fort (%), Canada et provinces de l’Atlantique, de 2003 à 2022

Les Canadiens et Canadiennes manifestent un sentiment d’appartenance à la communauté locale constant et significativement plus élevé que les Canadiens en général. En 2022, 70,5 % de la population au Canada atlantique déclarait éprouver un sentiment d’appartenance à la collectivité locale, ce qui représentait 109,3 % de la proportion nationale. La performance supérieure de la région sur cet indicateur a été encore meilleure dans le passé, avec 111,0 % en 2021, 110,7 % en 2015 et 114,8 % en 2008.

À l’échelle nationale, la proportion de la population déclarant un sentiment d’appartenance a connu une forte progression de 0,65 % par an entre 2008 et 2015. Elle a continué à augmenter de 2015 à 2021, puis a chuté de 8,2 % en 2022, entraînant une baisse annuelle moyenne de 0,75 % du sentiment d’appartenance des Canadiens et des Canadiennes entre 2015 et 2022. Là encore, la chute de 69,5 % des Canadiens et des Canadiennes déclarant un sentiment d’appartenance en 2021 à 64,5 % en 2022 est sans précédent.

Le tableau 3 résume le tableau de bord du Canada atlantique en termes de dynamisme. Il met en évidence en vert les 15 des 25 indicateurs pour lesquels la région a fait preuve de dynamisme et fournit les taux de croissance pour les périodes de 2008 à 2015 et de 2015 à 2022-2023 sur lesquels le calcul du dynamisme est basé.

Tableau 3 : Tableau de bord du Canada atlantique sur le dynamisme (taux moyen annuel de changement)

2008-2015 2015-2022/23 Fluctuation du taux de croissance (en points de pourcentage)
Macroéconomie PIB réel 0,10 1,14 1,04
PIB réel par personne -0,11 0,20 0,31
Exportations réelles -1,93 -0,44 1,49
Capital
humain
Population 0,21 1,20 0,99
Âge médian 0,94 -0,06 -1,01
Immigration 10,43 13,21 2,78
Rétention des personnes immigrantes 0,50 0,31 -0,19
Proportion de NEEF -0,47 -0,92 -0,46
Proportion de la population détenant un diplôme d’enseignement supérieur 2,03 2,84 0,81
Performance du marché du travail Taux d’emploi 0,13 0,68 0,55
Revenu d’emploi 0,44 -0,07 -0,51
Productivité du travail -0,82 0,49 1,32
Participation au marché du travail des femmes ayant des enfants de moins de six ans 0,52 0,22 -0,31
Innovation et investissement Dépenses DIRD 2,48 7,04 4,55
Investissement non résidentiel 5,02 -5,87 -10,89
Énergie non émettrice 0,62 0,13 -0,48
Investissement dans les énergies renouvelables 37,85 -15,02 -52,87
Émissions de gaz à effet de serre -2,80 -2,83 -0,03
Qualité de vie

 

Coefficient de Gini 0,29 -0,84 -1,14
Logements mis en chantier -5,76 6,95 12,71
Abordabilité du logement -0,51 4,24 4,75
Taux de pauvreté -1,68 -4,35 -2,67
Accès à un médecin -0,37 -1,02 -0,65
Satisfaction de vivre -0,24 -0,94 -0,70
Sentiment d’appartenance à la collectivité 0,14 -0,95 -1,09

*Remarque : un changement négatif du taux de changement des variables de l’âge médian, du coefficient de Gini, des émissions de GES, de l’abordabilité du logement, du taux de pauvreté et de la proportion de NEEF entre deux périodes indique un dynamisme. Pour les autres variables, le dynamisme est associé à une évolution positive.

Le tableau 4 résume le tableau de bord du Canada en termes de dynamisme. Il met en évidence en vert les 17 des 25 indicateurs pour lesquels la région a fait preuve de dynamisme et fournit les taux de croissance pour les périodes de 2008 à 2015 et de 2015 à 2022-2023 sur lesquels le calcul du dynamisme est basé.

Tableau 4 : Tableau de bord du Canada sur le dynamisme (taux moyen annuel de changement)

2008-2015 2015-2022/23 Fluctuation du taux de croissance
Macroéconomie PIB réel 1,54 1,78 0,24
PIB réel par personne 0,51 0,54 0,02
Exportations réelles 1,61 1,03 -0,59
Capital
humain
Population 1,02 1,46 0,44
Âge médian 0,46 -0,03 -0,50
Immigration 4,02 5,46 1,44
Rétention des personnes immigrantes -0,26 -0,01 0,25
Proportion de NEEF 1,15 -2,07 -3,22
Proportion de la population détenant un diplôme d’enseignement supérieur 1,66 1,71 0,05
Performance du marché du travail Taux d’emploi -0,20 0,58 0,77
Revenu d’emploi -0,25 0,36 0,61
Productivité du travail 1,16 0,83 -0,33
Participation au marché du travail des femmes ayant des enfants de moins de six ans 0,33 0,95 0,62
Innovation et investissement Dépenses DIRD 1,09 7,23 6,14
Investissement non résidentiel 1,36 -0,81 -2,17
Énergie non émettrice 1,02 0,39 -0,63
Investissement dans les énergies renouvelables 9,30 5,36 -3,94
Émissions de gaz à effet de serre -1,27 -1,97 -0,69
Qualité de vie Coefficient de Gini 0,00 -0,65 -0,65
Logements mis en chantier -1,09 2,61 3,69
Abordabilité du logement 1,74 4,75 3,01
Accès à un médecin
Médecin
-0,30 0,47 0,77
Taux de pauvreté -0,35 -5,31 -4,96
Satisfaction de vivre 0,28 -0,95 -1,23
Sentiment d’appartenance à la collectivité 0,65 -0,75 -1,40

*Remarque : un changement négatif du taux de changement des variables de l’âge médian, du coefficient de Gini, des émissions de GES, de l’abordabilité du logement, du taux de pauvreté et de la proportion de NEEF entre deux périodes indique un dynamisme. Pour les autres variables, le dynamisme est associé à une évolution positive.

Le Canada atlantique se trouve à un moment historique. Après avoir lutté pendant des générations contre un déclin économique relatif et l’émigration, une grande partie de la région s’adapte aujourd’hui à un afflux soudain de population, ce qui a créé un élan extraordinaire – et l’occasion de renverser sa réputation de région pauvre.

Mais la même vague de population qui a injecté tant d’énergie dans la région a exacerbé les pénuries de logements et de soins de santé, ce qui crée des difficultés, en particulier pour les personnes à faible revenu, et risque de provoquer un retour de vague qui pourrait saper le soutien à la croissance démographique. Pour éviter la discorde et continuer à séduire les étrangers, les dirigeants et les planificateurs doivent investir dans les infrastructures avant que les systèmes ne soient débordés.

« Nous aussi, nous pouvons avoir les mêmes embouteillages et la même qualité de vie misérable qu’à Toronto », déclare Lars Osberg, de l’Université Dalhousie. « Il suffit de planifier sans tenir compte de la croissance. »

M. Osberg estime que les dirigeants de la région de l’Atlantique devraient penser comme des restaurateurs dans un marché concurrentiel. Les gens que nous voulons peuvent vivre ici ou à Kitchener, à Montréal ou sur l’île de Vancouver. Certains d’entre eux pourraient vivre à San Francisco ou à Tokyo. Pour les garder ici, où ils paieront l’impôt qui permet aux hôpitaux ruraux de rester ouverts, nous devons nous assurer que nous leur offrons de bons services à un prix équitable.

« Il y a très peu de gens qui veulent manger dans le restaurant le moins coûteux dont ils ont entendu parler et commander ce qui coûte le moins sur le menu », dit-il. « Je pense que c’est une grave erreur de toujours chercher à rendre les choses de moins en moins coûteuses, car on finit par avoir une qualité de vie plus misérable et on perd l’attrait qui existait à l’origine. ».”

Faire les investissements nécessaires pourrait ne pas être facile sur le plan politique, en partie à cause des rivalités.

« La situation finit par opposer Halifax au reste de la Nouvelle-Écosse, ou la Nouvelle-Écosse au Nouveau-Brunswick, ou encore le Canada atlantique au reste du Canada », explique Sarah Young, de Sandpiper. « Quand on parle de travailleurs mobiles, ils décident d’aller n’importe où dans le monde. Et je dirais que le reste du monde ne pense pas nécessairement au Canada, et que le plus grand défi est que le Canada est également myope. »

Un restaurant n’aura pas de succès si le personnel se chamaille ou s’il n’est pas accueillant, ce qui est un élément tellement traditionnel de la culture de la région qu’il a été célébré à Broadway et dans le West End de Londres dans la comédie musicale à succès Come From Away.

Tandis que la population augmente rapidement, il peut être difficile de conserver ce qui fait la spécificité de la région, à savoir le sentiment d’appartenance. Cette culture peut être mise à rude épreuve par l’afflux de nouveaux arrivants et le rythme rapide des changements, mais John F. Helliwell, qui étudie la question depuis des années, s’attend à ce qu’elle l’emporte. « Il s’agit de normes sociales puissantes. Après qu’elles sont établies, elles peuvent être brisées assez rapidement si quelque chose va vraiment mal et il faut beaucoup de temps pour les construire mais, bien sûr, après qu’elles sont en place, elles ont un pouvoir de maintien assez important. Je pense qu’elles sont résistantes et qu’elles finiront par s’imposer. »

Ce sentiment d’appartenance, d’attention portée aux voisins et d’accueil des étrangers, est l’avantage atlantique – un sentiment de lien social qui, pendant des générations, a incité les gens à rester même lorsqu’ils pouvaient gagner davantage ailleurs, qui les a ramenés à la maison pour les vacances et les a fait languir pour le jour où ils pourraient prendre leur retraite dans leur région d’origine.

Pour la première fois depuis des générations, les habitants de la région s’efforcent de gérer une croissance rapide, et non un déclin – un meilleur problème, mais un problème quand même. En conséquence, nous devrons ajuster nos voiles et élaborer de nouvelles stratégies et approches pour faire face à ce nouveau défi.

Voici quelques-unes des prochaines étapes :

  • Au cours de l’année écoulée, nous avons rencontré des décideurs politiques et des personnes influentes sur des thèmes liés à l’indice 2023. Nous avons publié quatre rapports sur la région : L’Atlantique ouvert[9]; Jeux de puissance[10]; L’Avantage de l’appartenance[11]; et Rétrécir les écarts[12], ainsi qu’un rapport qui décrit les occasions liées à l’éolien en mer[13]. Grâce à ses partenaires, le FPP a lancé l’infolettre Initiative atlantique, un regard hebdomadaire sur les nouvelles, les événements et les politiques importantes de la région.
  • Au Canada atlantique, nous continuons à nous concentrer sur l’identification des facteurs de dynamisme et sur la mobilisation des leviers de changement, y compris les recommandations en matière de politique publique.
  • Avec ces deux séries de données, nous sommes prêts pour une discussion ciblée sur les options et solutions politiques les plus rentables pour assurer la poursuite du dynamisme.
  • Nous savons que l’augmentation de la productivité est un élément essentiel de la croissance économique inclusive. C’est pourquoi nous travaillerons avec nos interlocuteurs dans la région pour explorer les moyens de réduire les obstacles à l’investissement. Nous devons mieux comprendre les avantages de modèles commerciaux plus ouverts.
  • La croissance démographique s’est ralentie, mais elle se poursuit. La capacité à retenir les nouveaux résidents et les nouveaux arrivants sera essentielle pour satisfaire aux besoins du marché du travail et appuyer la croissance économique. Il est possible de travailler en collaboration pour échanger de l’information sur ce qui fonctionne en matière de rétention de la population et sur la manière dont nous pouvons façonner l’avenir pour qu’il ait un impact positif.
  • Le FPP prévoit de continuer à examiner les options potentielles pour le Canada atlantique. Au fur et à mesure de l’évolution de l’environnement politique, nous continuerons à surveiller l’horizon pour déceler les nouvelles possibilités de dynamisme.

Si vous souhaitez en savoir plus sur le FPP Atlantique et l’« Initiative Atlantique », ou si vous souhaitez obtenir un exemplaire du rapport technique, veuillez communiquer avec Carole Lee Reinhardt, directrice de l’Atlantique, à l’adresse clreinhardt@ppforum.ca.

  1. Sharpe, A. (22 mars 2023). L’Indice de dynamisme du Canada atlantique. Forum des politiques publiques. https://ppforum.ca/fr/publications/lindice-de-dynamisme-du-canada-atlantique/
  2. Sharpe, A. (22 mars 2023). L’Indice de dynamisme du Canada atlantique. Forum des politiques publiques. https://ppforum.ca/fr/publications/lindice-de-dynamisme-du-canada-atlantique/
  3. Sondhi, R. et Ercolao, M. (18 juillet 2024). Policymakers Take Note: Population Growth is Easing in the Atlantic. TD Economics. https://economics.td.com/ca-population-growth-is-easing-in-the-atlantic
  4. Helliwell, J.F., et coll. (réd.) (2024). World Happiness Report 2024. University of Oxford: Wellbeing Research Centre. https://worldhappiness.report/ed/2024/
  5. 12 Neighbours. (s.d.). À propos de 12 Neighbours. https://www.12neighbours.com/
  6. Ce rapport est publié en septembre 2024, 18 mois après le premier rapport publié en mars 2023. Cela signifie que pour certains indicateurs publiés entre mars et août, il y a eu deux années supplémentaires de données. Le point d’arrêt des données dans le rapport est le x août 2024.
  7. Comme indiqué plus haut, les résultats sont sensibles à la datation des périodes. Lorsque la démarcation est effectuée en 2010 plutôt qu’en 2015 et que les périodes 2000-2010 et 2010-2022/23 sont utilisées, moins d’indicateurs dans le Canada atlantique ont démontré un dynamisme dans la période postérieure à 2010. La période 2010-2015 n’a pas été bonne pour le Canada atlantique.
  8. En 2018, le gouvernement fédéral a désigné une mesure officielle de la pauvreté, la mesure du panier de consommation (MPC), qui combine des éléments des approches absolues et relatives de la pauvreté. L’année de référence pour les pondérations des dépenses utilisées dans la MPC est fréquemment mise à jour, ce qui pose des problèmes de cohérence dans les séries chronologiques. La MPC actuelle utilise une base de 2018, mais les estimations ne remontent qu’à 2015. Pour créer une série chronologique remontant jusqu’à 2008, nécessaire au calcul du dynamisme dans le présent rapport, les estimations de la MPC utilisant la base 2010 ont été reliées à la MPC (bases 2018) dans l’année de chevauchement 2015.
  9. Stevenson, M. (10 janvier 2024). L’Atlantique ouvert : La suppression des barrières commerciales pourrait stimuler l’économie du Canada atlantique. Forum des politiques publiques. https://ppforum.ca/fr/publications/latlantique-ouvert/
  10. Stevenson, M. (26 février 2024). Jeux de puissance : Comment construire un avenir énergétique renouvelable dans le Canada atlantique. Forum des politiques publiques. https://ppforum.ca/fr/publications/energetique-renouvelable-dans-le-canada-atlantique/
  11. Stevenson, M. (11 décembre 2023). L’Avantage de l’appartenance : Comment la qualité de vie se traduit en gains économiques importants pour le Canada atlantique Forum des politiques publiques. https://ppforum.ca/fr/publications/lavantage-de-lappartenance/
  12. Stevenson, M. (19 mars 2024). Rétrécir les écarts : Comment le Canada atlantique peut conserver son élan. Forum des politiques publiques. https://ppforum.ca/publications/atlantic-canada-economy-immigration/
  13. Nicholson, P. (13 octobre 2023). Le vent en poupe : Comment le Canada atlantique peut devenir une superpuissance énergétique Forum des politiques publiques. https://ppforum.ca/fr/publications/le-vent-en-poupe-comment-le-canada-atlantique-peut-devenir-une-superpuissance-energetique/