La pandémie de COVID-19 a démontré l’importance fondamentale de la connectivité numérique du Canada pour soutenir le commerce électronique, le télétravail, l’éducation et les services en ligne, ainsi que les communications de base entre la famille et les ami.e.s. Cette expérience profonde a fortement mis en évidence le rôle critique que l'infrastructure de connectivité numérique joue dans la vie moderne

La pandémie de COVID-19 a démontré l’importance fondamentale de la connectivité numérique du Canada pour soutenir le commerce électronique, le télétravail, l’éducation et les services en ligne, ainsi que les communications de base entre la famille et les ami.e.s. Cette expérience profonde a fortement mis en évidence le rôle critique que l’infrastructure de connectivité numérique joue dans la vie moderne.

Bien que les tendances au commerce, aux communications et aux services numériques étaient déjà présentes avant la pandémie, il est juste de dire qu’elles se sont considérablement accélérées depuis l’an dernier. La pandémie a en particulier amplifié deux priorités distinctes mais interdépendantes:

  • La nécessité d’étendre l’accès à l’infrastructure de connectivité numérique aux ménages et aux communautés actuellement mal desservis
  • L’importance de développer l’infrastructure de connectivité numérique la plus récente et la plus avancée afin de soutenir la compétitivité du Canada maintenant et à l’avenir.

La pandémie a, à presque tous les points de vue, accéléré la révolution numérique du Canada. Progressivement, nous magasinons, travaillons et apprenons en ligne d’une manière sans précédent. Il serait faux de supposer que nos activités commerciales et éducatives reviendront aux modèles prépandémiques. En effet, 30 % des entreprises prévoient permettre à au moins la moitié de leurs employé.e.s de faire du télétravail même après la pandémie. Ces changements de comportements sont probablement permanents et nos politiques relatives à l’infrastructure de connectivité numérique devront s’adapter en conséquence.

Soutenir la révolution numérique suppose que nous disposions au préalable d’une infrastructure de connectivité numérique accessible et de haute qualité. L’infrastructure de connectivité numérique fait référence à l’infrastructure physique qui sous-tend notre système Internet – il s’agit de la fibre, des poteaux, des tours et de tous les autres éléments d’infrastructure nécessaires pour soutenir le système. De plus, c’est l’infrastructure sous-jacente nécessaire pour soutenir plus largement ces tendances économiques et sociales. Alors que les décideurs.euses politiques canadien.ne.s sont en train de planifier une reprise postpandémie, il sera essentiel que le cadre stratégique soutienne les investissements dans l’infrastructure de connectivité numérique afin de bâtir une économie inclusive et compétitive pour l’avenir.

La compétitivité peut être considérée comme une adaptation à la transition d’une économie de production vers une économie intangible (c.-à-d. propriété intellectuelle, logiciels et données) qui dépend d’une infrastructure de connectivité numérique de haute qualité pour permettre aux entreprises et aux innovateurs.trices canadien.ne.s d’être concurrentiel.le.s à l’échelle mondiale. Ce passage d’une « économie des objets » à une « économie de pensées » positionne cette forme moderne d’infrastructure comme étant aussi fondamentale pour notre avenir économique que l’étaient les routes, les ponts et les ports au XXe siècle. Le potentiel économique que renferment les technologies 5G – terme qui fait référence à la technologie haut débit de cinquième génération qui succède aux réseaux 4G et qui a commencé à être déployée dans le monde entier en 2019 – ne fera que nous pousser plus loin dans cette direction.

Un autre développement est l’augmentation du travail à distance et de l’éducation en ligne, phénomène accentué par la pandémie, et la perspective de changements à long terme dans les lieux de travail et de vie des gens. Les avantages individuels et collectifs qui peuvent découler d’un avenir de travail à distance et de plus de formes d’enseignement en ligne dépendront beaucoup de la répartition géographique de l’infrastructure de connectivité numérique. Au cours de la dernière décennie, plus ou moins, les gouvernements canadiens ont utilisé différents leviers de politiques publiques – comme la réglementation et les subventions publiques – pour essayer d’étendre une infrastructure numérique de haute qualité à l’extérieur de nos grands centres urbains et de plus en plus dans les régions rurales et éloignées du pays. Ces efforts ont eu tendance à être menés au nom de l’équité et de la justice. Mais le potentiel d’une transition permanente vers le travail à distance offre d’énormes possibilités de développement régional et d’amélioration de la qualité de vie.

Les politiques publiques associées aux forces du marché font progresser ces deux objectifs de compétitivité et d’inclusion. La politique numérique du Canada, fondée depuis toujours sur la centralité des grandes entreprises de services sans fil bien capitalisées et axées sur les installations, reflétant en partie notre géographie exigeante, a contribué à la construction d’infrastructures importantes dans tout le pays. Les grands opérateurs et certains petits opérateurs régionaux ont collectivement fourni une infrastructure numérique qui répond à une norme commune de 50/10 mégabits par seconde (Mbs) à environ 85 % de la population. Cependant, seulement 45,6 % des ménages ruraux et 34,8 % des Premières Nations ont accès à 50/10 Mbps.

Les forces du marché à elles seules ne garantiront pas que l’infrastructure de connectivité numérique du Canada réponde aux objectifs de compétitivité et d’inclusion du pays. Il y a eu un soutien multipartite pour une combinaison de réglementations et de subventions afin d’étendre l’infrastructure de connectivité numérique accessible et de haute qualité aux régions rurales et éloignées du pays. Le gouvernement fédéral et certaines provinces ont annoncé des projets pour soutenir le développement du haut débit au nom de l’équité géographique et des ménages. L’objectif a été d’assurer l’accès à une infrastructure numérique de haute qualité au plus grand nombre possible de foyers canadiens. L’impératif des politiques publiques est parfois caractérisé comme la réduction de « l’écart numérique ».

Le programme fédéral le plus récent en est un bon exemple. Sa ligne conductrice, intitulée La haute vitesse pour tous, comprend différents programmes et initiatives, dont 1,75 milliard de dollars pour le Fonds pour la large bande universelle. Le but ultime est d’atteindre la livraison de 50/10 Mbs à tou.te.s les Canadiens et Canadiennes d’ici 2030.

Cependant, il reste une question d’accès et la réponse est complexe. L’accès comprend deux éléments : la disponibilité de la technologie et l’abordabilité, si elle est disponible. Une réponse nécessite une combinaison de considérations techniques et normatives. Il n’est pas évident, par exemple, que 50/10 Mbs soit la bonne cible ou dans quelle mesure les choix individuels du lieu de résidence sont un bien public par rapport à une décision individuelle qui puisse ou non relever des politiques publiques. Quelle que soit la manière dont on répond à ces questions, les politiques publiques auront un rôle permanent à jouer pour soutenir l’expansion de l’infrastructure de connectivité numérique dans les cas où une défaillance du marché laisse les communautés et les ménages sans accès. La cause de l’échec du marché est ici l’écart entre les coûts d’investissement associés à la construction d’une infrastructure de connectivité numérique dans ces communautés et l’incapacité de récupérer ces investissements en raison de la taille relativement petite de leur marché. En termes simples : il n’est pas rentable pour les entreprises de services sans fil dotées d’installations de créer et de fournir des services dans ces communautés uniquement en fonction des forces du marché. Nous devons tenir un débat public sur jusqu’où le gouvernement devrait aller pour relever ces défis en matière d’accessibilité.

En outre, alors que le débat en cours se focalise sur l’extension de 50/10 Mbs à tou.te.s les Canadiens et Canadiennes, une autre conversation sur la technologie de prochaine génération, ou 5G, a également lieu. Le déploiement du 5G a commencé au Canada, mais il se concentre directement sur les centres urbains et est effectué exclusivement par les principales entreprises de télécommunications dotées d’installations au Canada. Le 5G offre en effet une formidable opportunité concurrentielle pour le Canada tant sur le plan domestique qu’à l’international. Cependant, il sera essentiel de comprendre les avantages de cette technologie et dans quelle mesure les limites géographiques de sa disponibilité sont acceptables.

L’histoire de l’infrastructure de connectivité numérique au Canada en est une de compromis en matière de politiques publiques. Il y a des compromis entre l’investissement et la compétitivité; entre l’investissement en capital et l’investissement dans les opérations; entre l’abordabilité et l’accessibilité; entre l’intervention gouvernementale et les forces du marché; et les compromis entre vitesse et durabilité. Ces considérations de politiques éclairent un cadre stratégique intégré. Cependant, la plupart des domaines font encore l’objet de débats.

Par conséquent, la question présentée et magnifiée par la COVID-19 est celle -ci : quels investissements, politiques, réglementations et autres mesures sont requises pour améliorer l’infrastructure de connectivité numérique nécessaire à une économie postpandémie inclusive, compétitive et numérique?

Le Forum des politiques publiques (FPP) a réuni un panel d’expert.e.s afin de répondre précisément à cette question. Le FPP a lancé un processus sur l’avenir de l’infrastructure numérique du Canada. Depuis la publication de son rapport Bâtir l’avenir : Infrastructure stratégique pour une croissance durable, en octobre 2016, le FPP tient à ce que le Canada élargisse son interprétation de l’infrastructure qui influence de plus en plus les opportunités et prospérité futures. Ces efforts ont été amplifiés par notre projet Rebâtir le Canada.

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