Une nouvelle étoile polaire : la compétitivité canadienne à l’ère de l’économie immatérielle
La montée de l’immatériel
En 2002, lorsque Tom Brady, le quart-arrière des Patriots de la Nouvelle-Angleterre, a disputé son tout premier Super Bowl, iTunes store, Facebook, Instagram, Airbnb, Gmail et Skype n’existaient pas. Aujourd’hui, les entreprises détenant ces actifs intangibles valent plus de 4 000 milliards de dollars.
Dans le monde des politiques publiques et de la politique, il est difficile de résister au court-termisme et à la complaisance. Ils éclipsent la partisannerie, et l’emportent sur les meilleures intentions. Tous les gouvernements ou partis politiques subissent des pressions pour répondre aux enjeux immédiats et suivent d’un œil attentif le cycle électoral de quatre ans. Nous avons tous deux été témoins de ces exigences dans nos postes respectifs de conseillers économiques auprès de gouvernements nationaux.
Le présent rapport ne penche donc ni à gauche ni à droite. L’analyse et les recommandations ne découlent pas d’une perspective libérale ou conservatrice, mais d’une perspective bipartisane et d’intérêt public. Nous examinons attentivement les particularités du Canada, notamment les avantages et les inconvénients d’être une économie ouverte nichée aux côtés d’une superpuissance de plus en plus volontaire qui abrite nombre de membres de la nouvelle génération de grandes vedettes mondiales de la technologie. En plus des questions de compétitivité toujours présentes, le Canada, comme d’autres pays, fait face à un ensemble de nouveaux défis émanant de l’évolution rapide des réalités géopolitiques et technologiques. Mais notre pays a aussi la chance de jouir des avantages que lui confèrent la nature et un passé de bons choix politiques, notamment en matière d’éducation, d’immigration et de cohésion sociale.
En faveur d’un consensus sur la compétitivité
La pensée économique et politique conventionnelle a du mal à suivre le rythme. Les décideurs politiques doivent comprendre ces tendances et leurs implications pour le Canada. Nous avons examiné les implications sur les politiques dans trois catégories. La première porte sur les moteurs traditionnels de la compétitivité, tels que les impôts, la réglementation et les infrastructures. La deuxième traite des nouveaux facteurs de la compétitivité et les considérations politiques qui en découlent, notamment en ce qui concerne la PI, les données et l’IDE. La troisième examine le rôle que revêt le capital humain et la façon dont il sert de passerelle entre ces deux paradigmes.
Nous pensons globalement que l’essor de l’économie intangible aura des implications considérables sur les politiques, qui se préciseront au fil du temps. Nous reconnaissons qu’il y a du nouveau. C’est donc avec humilité que nous formulons les recommandations. Personne ne peut prédire l’avenir avec exactitude.
Que-ce qu’on peut faire :
- Encourager les décideurs politiques à rester concentrés sur la compétitivité économique à long terme du Canada et à éviter les pièges du court-termisme et de la polarisation;
- Réclamer une vision large et inclusive de la compétitivité qui évite les tendances à l’exclusion et à l’élitisme; et,
- Souligner dans quelle mesure l’essor de l’économie intangible exigera que nous ajustions et approfondissions la réflexion conventionnelle sur la compétitivité économique et les bonnes politiques pour la soutenir.
Aucune de ces observations n’est incompatible avec une reconnaissance actuelle de l’importance des secteurs traditionnels ou des autres enjeux de la politique publique. En fait, nous avons soutenu que les secteurs traditionnels comme l’agriculture, les mines, le pétrole et le gaz continueront d’être les moteurs clés de notre économie dans un avenir prévisible et ils sont les secteurs notables où le Canada est bien placé pour devenir un champion mondial de l’innovation. C’est ainsi que par l’adoption de la technologie et l’amélioration de la productivité, l’économie intangible peut pénétrer l’économie tangible au profit du Canada. De même, nous avons observé l’importance de questions de politiques plus larges telles que le changement climatique. Notre objectif ici a été de tirer parti de nos expériences respectives et de notre dialogue bipartisan pour esquisser une feuille de route à long terme pour la compétitivité du Canada dans un nouveau monde de l’économie intangible.